dimanche 30 août 2015

Mrs Dalloway de Virginia Woolf



Ce n'est pas évident d'écrire un avis sur un livre aussi complexe que Mrs Dalloway, surtout quand on n'est pas spécialiste d'analyse littéraire.

C'est un livre qui fait un peu peur. Il se traîne une réputation d'ouvrage difficile à comprendre avec un style très particulier. 
J'ai d'ailleurs hésité pendant plus de 2 ans avant de le découvrir (n'est-ce pas Lili !). Je ne voulais pas qu'il "m’écœure" comme cela semble être parfois le cas pour certains de ses lecteurs. J'ai commencé par me familiariser avec le style de Virginia Woolf avec le recueil de nouvelles Le quatuor à cordes (dont je parlerai peut-être un jour sur le blog, mais j'ai toujours du mal à présenter des nouvelles). Puis, je me suis lancée dans Mrs Dalloway. Je n'ai eu aucun mal à lire et je l'ai terminé en 2 jours (et encore, c'est parce que j'ai dû sortir, sinon j'aurais pu le lire en une journée). 

Le livre raconte l'histoire d'une journée particulière dans la vie des invités de Clarissa Dalloway. Ca a d'ailleurs été ma première surprise car j'ai toujours cru d'après ce qu'on m'avait dit qu'il n'y avait pas d'histoire et que l'on suivait simplement le cheminement de Mrs Dalloway dans Londres. Enfin, simplement c'est vite dit. Si effectivement, on peut prendre un plan de Londres et suivre son parcours géographique, il est un peu plus compliqué de suivre le fil de ses pensées. Personnellement, je n'ai eu aucun mal, étant moi-même une adepte du passage du coq à l'âne, je n'ai jamais été perdue dans ses récits entrecroisés où une image, une personne ou une émotion ramène Clarissa (ou les autres personnages) à un souvenir plus lointain.

Parmi toutes ces histoires, il y en a une qui, pour moi, se distingue particulièrement ; il s'agit de celle de Septimus Warren Smith. Ancien soldat de la Première guerre mondiale (l'action du livre se déroule en juin 1923). il est revenu choqué, déprimé et suicidaire. Sa femme, qui ne sait pas quoi faire pour l'aider, l'envoie consulter des médecins qui ont dû mal à diagnostiquer son état et qui lui préconise du repos en clinique. J'ai trouvé son destin tragique particulièrement bouleversant, d'autant plus qu'il fait écho à celui de Virginia Woolf. Ses descriptions de l'état dépressif sont saisissantes. J'ai lu quelque part que Virginia Woolf avait eu elle aussi l'impression que les oiseaux lui parlaient en grec et elle l'a utilisé dans son roman pour le personnage de Septimus. J'ai été aussi impressionnée par le fait qu'elle analyse si bien les conséquences du conflit sur l'état mental du soldat, alors qu'à l'époque, c'était loin d'être le cas, comme elle le montre clairement par l'intermédiaire des personnages des médecins.

Les autres passages qui m'ont particulièrement plu sont ceux qui concernent Clarissa et Peter, son ancien amour. Chacun pense qu'il connaît l'autre par coeur, mais nous nous rendons compte, en tant que lecteurs, que ce n'est pas du tout le cas, Ils prennent les gestes de l'autre comme des signes de rejet alors qu'en fait chacun se languit d'amour (fantasmé) pour l'autre.

Virginia Woolf évoque aussi le désir qu'a pu ressentir Clarissa pour une autre femme ce qui est quand même un thème particulièrement osé, vu le moment où a été écrit le livre, surtout qu'elle l'évoque comme quelque chose de naturel et non comme quelque chose de scandaleux.

Le livre est aussi une déclaration d'amour à la ville de Londres avec une plaisante balade dans la ville pour ceux qui la connaissent (par exemple un petit passage à Hatchard's) et qui donnent sans doute envie de la découvrir pour les néophytes.

Le livre a failli s'appeler Les Heures et je trouve ce titre plus pertinent que Mrs Dalloway car, même si tous les personnages sont les invités de Clarissa, il y a certains moments où l'on ne parle pas d'elle. Par contre, tout au long du livre, Big Ben rythme les heures de la journée et évoque aussi la fuite du temps, thème récurrent du livre.

Il y a sans aucun doute d'autres thèmes à évoquer (le style ciselé par exemple ou le portrait de Clarissa), mais j'ai choisi de mettre en avant ce qui m'a particulièrement marquée au cours de cette première lecture.
Je pense sans aucun doute que je le relirai car je l'ai lu très rapidement et je n'ai pas vraiment pris le temps de le savourer. Je pense qu'il fait partie des livres dont on découvre d'autres aspects quand on le relit.

Je lirai bientôt Les Heures de Michael Cunningham dont j'avais vu l'adaptation au cinéma. Je pense aussi regarder l'adaptation de Mrs Dalloway avec Vanessa Redgrave et Rupert Graves. Je regarde aussi la mini-série Life in squares mais pour l'instant, je ne suis pas particulièrement emballée.

Lecture commune avec Fanny

Participation au challenge A year in England de Titine 




L'art dans tous ses états : le bilan juillet / août 2015



Voici donc le bilan des mois d'été


Philisine Cave
Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin http://jemelivre.blogspot.fr/2015/08/une-foret-darbres-creux-dantoine.html

Praline
Le prince foudroyé. La vie de Nicolas de Staël par Laurent Greilsamer : http://pralinerie.blogspot.fr/2015/07/le-prince-foudroye-la-vie-de-nicolas-de.html
Expositions au Centre Pompidou (Le Corbusier, Mona Hatoum,Valérie Belin) : http://pralinerie.blogspot.fr/2015/07/trois-petits-tours-au-centre-pompidou.html

Shelbylee
La femme au tableau : http://shelbyleeisdaydreaming.blogspot.fr/2015/07/la-femme-au-tableau-2015.html

Syl :
Souvenirs en photos de Chaumont, parc et château - Les jardins https://sylectures.wordpress.com/2015/07/15/souvenirs-de-chaumont-parc-et-chateau-2/
Souvenirs en photos de Chaumont, parc et château - Le jardin historique et le château https://sylectures.wordpress.com/2015/07/14/souvenirs-de-chaumont-parc-et-chateau/


                                                 ***************************************************

Je suis fière de moi, j'ai mis tous les liens à jour au fur et à mesure (ce qui est clairement un exploit pour moi, en même temps, il n'y en avait pas trop non plus).

Pour vous donner un avant-goût de mes futurs billets, j'ai vu Effie Gray (billet en préparation) et j'ai commencé Une année à Venise de Lauren Elkin (qui rentrera en plus dans le mois américain de Titine). 

samedi 29 août 2015

Dictionnaire d'un amour de David Levithan


J'ai acheté ce livre parce que je trouvais sa forme originale. L'auteur essaye de retracer une histoire d'amour sous la forme d'un dictionnaire, même si les mots ne correspondent pas vraiment à des définitions mais plutôt à des moments, à des petits bouts d'histoire volés au récit d'une relation amoureuse. Ils peuvent être très courts ou beaucoup plus longs (comme dans l'extrait ci-dessous) mais ils ne dépassent pas deux pages.



Mais au moment de ma lecture, je me suis posée des questions. Quels mots anglais pouvaient correspondre à amant et amour autres que lover et love ? J'ai donc téléchargé l'extrait gratuit de la version originale en ebook et toutes mes craintes ont été confirmées : l'éditeur n'a pas respecté l'ordre du dictionnaire mis en place par David Levithan, mais il a utilisé l'ordre alphabétique de la traduction des mots en français !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

On se retrouve donc avec les "définitions" Amant et Amour dans les A, soit tout au début du récit, alors que je suppose qu'ils se situent dans les L dans la version de l'auteur.
Autre exemple, l'entrée "Anthem" qui se situe donc dans les A se retrouve déplacée dans les H pour Hymne dans la version française.
Je suppose qu'il y a d'autres exemples, mais l'extrait gratuit s'arrêtait justement à Anthem.

Evidemment, on pourra toujours dire que vu que l'auteur ne suit pas un récit linéaire, ce n'est pas très grave qu'une entrée se situe à une place ou une autre. Mais j'ose quand même croire qu'il a réfléchi au choix des mots et à l'ordre dans lequel il voulait nous livrer ses informations. Je ressors donc avec l'impression d'avoir lu la version de l'éditeur français (et encore une version dictée par l'ordre alphabétique !) et non pas celle de l'auteur, ce que je trouve particulièrement gênant.

Ce n'était quand même pas sorcier de garder l'ordre des mots en anglais et de mettre entre parenthèses leur traduction en français pour que le récit ne soit pas dénaturé. Je pense que les lecteurs ne sont pas idiots et qu'ils auraient compris ce choix.

Je ressors donc très frustrée de cette lecture. Il va sans dire que ce livre ne fera pas partie de ceux qui resteront dans ma bibliothèque. J'ai tellement l'impression de m'être fait avoir que je n'ai pas envie de découvrir un autre livre de l'auteur (qui pourtant n'y est pour rien).


vendredi 28 août 2015

Londres # 1er jour

Le Gherkin et des grues partout dans la City
Je ne raconte pas trop mes voyages en général, mais comme un certain nombre de personnes m'a demandé ce que j'avais fait à Londres, je me suis dit que cela intéresserait peut-être quelques uns d'entre-vous que je vous raconte mon séjour.

Je suis arrivée vers 13h30 à la gare de St-Pancras. Petit conseil pour tous ceux qui ont déjà une Oyster card, laissez toujours quelques livres dessus, ce qui vous évite de faire une queue abominable à la gare pour la recharger. Comme il me restait 4£, j'ai pu tranquillement rejoindre la station Whitechapel (chez Jack l'Eventreur ^^) et la recharger là-haut, où il n'y avait strictement personne. Après un petit tour à l'hôtel pour déposer ma valise, j'ai commencé mon pèlerinage très littéraire dans Londres.

Photo datant de 2012,
parce qu'il ne faisait pas très beau cette année
Idem 2012 sous le soleil 

Première étape : la cathédrale St Paul. J'en ai déjà fait le tour à de nombreuses reprises, mais je n'étais jamais rentrée à l'intérieur. Ce n'est pas une crise de mysticisme qui m'a donné envie d'y entrer, mais la lecture de la duologie Black-Out et All Clear de Connie Willis dans lesquels la cathédrale a un rôle essentiel et est magnifiquement décrite.
De plus, j'avais vu sur leur site qu'on pouvait transformer son billet en pass annuel. Si je n'étais jamais entrée, c'est aussi parce que le billet coûte 18£ ! Mais comme je dois retourner voir des pièces à Londres en octobre, je suis sûre de le réutiliser.
Et enfin, si on montait tout en haut de la cathédrale cet été, on avait le droit à un beau badge "I did the dome" (on est futile ou on ne l'est pas).



Je voulais absolument voir La lumière du monde de William Holman Hunt qui a une importance vraiment essentielle dans le livre de Connie Willis (et en plus WHH est un préraphaélite). Je me suis donc jetée sur le plan pour le localiser car j'étais arrivée à 15h et qu'il y avait un office annoncé à 16h. Comme je voulais aussi monter tout en haut de la cathédrale, ce qui me laissait peu de temps. Sauf que voilà, je me suis précipitée. J'ai repéré que le tableau se trouvait au n°13 et je n'ai vu qu'un seul n°13, celui de la crypte. J'y suis donc descendue très rapidement. Je croise bien les tombeaux de Wellington et Nelson, mais pas de tableau. Je décide donc de remonter pour avoir le temps de gravir les 528 marches.
Comme on n'a pas le droit de prendre de photos à l'intérieur (plus exactement on a le droit un jour par mois et c'était juste la veille de mon arrivée...), je n'en ai donc pas pris. Il y a un premier palier qui correspond à ce qu'on appelle la galerie des murmures. On se trouve au niveau de la base de la coupole et on peut observer la cathédrale en-dessous. C'est franchement impressionnant.
Ensuite, on monte à l'intérieur de la coupole pour accéder à la vue panoramique sur Londres (il y a 2 niveaux). Comme il ne faisait pas très beau, les photos ne sont pas formidables, mais c'était quand même très chouette de voir Londres d'en haut.



Je redescends donc mes 528 marches et là mauvaise surprise pas de badge à la fin ! En plus, l'office à commencer. Je passe donc discrètement derrière et redescends dans la crypte. Je ne trouve toujours pas la Lumière du monde. Comme le numéro est placé au milieu de l'équivalent du dessous de la nef, je décide de continuer dans le couloir, même si j'ai l'impression que cela correspond à la sortie. C'est effectivement la sortie. Mais au moins, j'arrive à récupérer un badge (d'ailleurs j'aurais pu éviter de monter les marches pour l'avoir^^). Je reste dans le sas de sortie et je m'assois pour regarder à nouveau le plan. Et là je découvre que je suis trop bête, j'ai regardé sur le mauvais plan ! Je rentre donc à nouveau dans la cathédrale, remonte au niveau du rez-de-chaussée pour découvrir qu'ils ont bloqué l'accès au transept ! Transept devant lequel je suis passée pas moins de trois fois et où j'aurais repéré sans souci le tableau si seulement j'avais levé le nez au lieu de courir partout ! Encore heureux que j'ai le pass annuel sinon j'aurais été complètement dégoûtée. J'y retournerais donc, notamment pour voir les tombes des préraphaélites Millais et Holman Hunt (je ne suis d'ailleurs pas sûre qu'il y ait une vraie tombe pour WHH, peut-être seulement une plaque).
Bref, je serai obligée de revenir !


Je remonte ensuite un peu Fleet Street en direction de Covent Garden, mais je fais un petit détour à cause d'un certain panneau qui m'emmène vers ce lieu. Le reconnaissez-vous ?


Il s'agit de l'hôpital St Bartholomew là où s'est déroulée la dernière scène de la saison 2 de Sherlock ! Il est dans un état de délabrement assez avancé, je ne sais pas si on laisserait encore Benedict Cumberbatch monter sur le toit.
C'est assez rigolo parce qu'il se trouve près du Barbican center là où BC joue dans Hamlet (vous pouvez voir une des grandes tours du Barbican sur la photo centrale de la ligne du bas du collage ci-dessous). Il y a aussi une statue d'Henry VIII sur la façade (photo de droite en bas).


Je retourne donc dans Fleet Street, arrive sur le Strand et pars à la recherche de 2 théâtres bien particuliers : le Lyceum et le Théâtre Royal de Drury Lane. Le Lyceum parce que Bram Stoker en a été le directeur financier et que Sir Henry Irving et Ellen Terry y ont joué. Vous pourrez remarquer qu'on y joue plus trop du Shakespeare. Le Théâtre Royal de Drury Lane parce que c'est là que Nell Gwynn y a joué (même si le bâtiment n'est plus le même).



Ensuite, je me suis dirigée vers les magasins : Fopp dans Earlham St pour les dvds et Hatchard's et le Waterstone de Picadilly pour les livres. Enfin, après avoir marché plus de 17 km, le réconfort autour d'un excellent wrap poulat tikka dans Marshall St. J'avais tellement faim que j'ai pris la photo après avoir commencé à manger, le plat était mieux présenté que cela.


Voilà ! Si ça vous intéresse, vous aurez la suite, sinon, vous aurez quand même un jour mon avis sur Hamlet.

samedi 22 août 2015

Mes achats londoniens


Cette semaine, j'ai passé quelques jours à Londres, entre autres pour voir Hamlet avec Benedict Cumberbatch.
Je sais que tout le monde attend que je donne mon avis sur la pièce, mais je vais essayer de mettre un peu mes idées en ordre avant d'écrire un billet. 
En attendant, je vous montre mes achats londoniens. 

Tout d'abord, les livres et dvd. 


Un seul petit dvd, il s'agit d'Effie Gray avec Emma Thompson sur la vie de la femme de John Ruskin qui va  avoir une relation avec John Everett Millais. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller sur Whoopsy. Je compte le voir très vite, normalement ça devrait être ce soir, mais il faudrait que j'arrête de traîner sur le net. 
J'aurais aimé ramener le dvd d'Agatha Raisin et celui de To the ends of the earth avec Benedict Cumberbatch mais je ne les ai pas trouvés. 

Ensuite niveau lecture, j'ai acheté chez Persephone Books The making of a marchioness de Frances Hodgson Burnett, parce que j'avais beaucoup son adaptation The making of a lady. Mais toutes les personnes qui ont lu le roman avant ont détesté l'adaptation. Donc j'ai bien envie de le découvrir. Des avis sur le livre et sur l'adaptation

J'ai craqué pour Frederica de Georgette Heyer qui est censé être l'un de ses meilleurs. Comme je désespère que Milady le traduise, j'ai décidé de le lire en VO (j'avoue la couverture n'y est pas pour rien). Mon billet sur Un mariage de convenance avec des avis sur les Georgette Heyer que j'ai lus. 

J'ai aussi décidé d'acheter la version originale de Winter de Christopher Nicholson sur Thomas Hardy. Contrairement à tous les autres livres que j'ai achetés, il y aura une version française le 8 octobre aux éditions du Quai Voltaire. Des infos sur le livre

J'ai repéré Curtain Call d'Anthony Quinn chez Emy. Londres, les années 30, le monde du théâtre... J'ai lu les premières pages qui sont délicieuses. Je compte le dévorer très vite. 

Les deux autres livres sont des policiers historiques qui se déroulent pendant la période de la Restauration (une de mes périodes historiques favorites). The King's evil (qu'on pourrait traduire par le toucher des écrouelles) est le premier tome d'une série d'Edward Marston (dont j'adore son autre série qui se déroule à l'époque élisabéthaine). Blood on the Strand de Susanna Gregory est le 2e tome d'une série dont je suis en train de terminer le premier volume à l'heure actuelle, je pense donc vous en reparler bientôt. 

J'ai aussi découvert la chaîne de magasins Wilko, qui sont un peu l'équivalent de Hema, où j'ai trouvé quelques articles de papeterie sympathiques. 




J'ai aussi enfin ramené un mug Everybody dies sur les pièces de Shakespeare, mais j'ai oublié de le prendre en photo. 

A bientôt pour de nouvelles aventures... 

samedi 15 août 2015

Dominion de CJ Sansom


J'ai découvert CJ Sansom avec la série des Matthew Shardlake qui se déroule en Angleterre sous le règne d'Henri VIII. J'ai adoré le premier tome, dont je ne désespère pas un jour de parler sur mon blog, surtout que je compte lire le tome suivant bientôt.

Quand j'ai vu que Dominion était sorti en poche, je l'ai tout de suite acheté. Il nous entraîne dans un univers totalement différent puisqu'il s'agit d'une uchronie qui se déroule en 1952 alors que le Royaume-Uni a signé un traité de paix avec l'Allemagne en 1940 et collabore depuis avec le régime hitlérien. Le principe du "Que se serait-il passé si l'Allemagne avait gagné la Deuxième Guerre mondiale ?" m'attire beaucoup depuis que j'ai vu le pilote de la série The Man in the High Castle (d'ailleurs l'ensemble de la première saison sera enfin disponible le 20 novembre).

Il y a un prologue très intéressant qui revient sur le 9 mai 1940, la veille de l'annonce de la démission de Chamberlain. Il y avait 2 candidats possibles : lord Halifax et Winston Churchill. On sait que Churchill lui a succédé, mais dans cette réalité alternative, c'est lord Halifax qui devient Prime Minister et qui s'empresse de signer un accord avec l'Allemagne.

Les évènements se déroulent en 1952. Beaverbrook est Premier Ministre et Oswald Mosley est ministre de l'Intérieur. Le parti de Churchill est interdit depuis 1950. Il est le leader de la résistance et lutte contre le régime en place. Le Royaume-Uni doit faire face à des troubles incéssants en Inde. La guerre entre l'Allemagne et l'URSS dure depuis 11 ans sans qu'un vainqueur se dessine. Des rumeurs courent sur le fait qu'Hitler serait gravement malade. De plus en plus d'actes de résistance ont lieu contre l'empire nazi, en particulier en Angleterre.

David Fitzgerald, fonctionnaire au Dominion Office, s'est engagé dans la Résistance. Il doit principalement transmettre des informations sur ce qui se passe dans certains dominions. Mais il va être obligé d'avoir un rôle plus actif car l'un de ses anciens camarades d'Oxford doit être exfiltré vers les Etats-Unis car il détient des secrets essentiels. Le problème est qu'il est interné dans un asile. David doit donc permettre de le rassurer avant son évacuation.

J'ai beaucoup aimé toute la première moitié du livre. Elle nous explique ce qu'il s'est passé après la guerre. On voit David dans ses missions de renseignements qui, même si elles sont simples, nécessitent quand même beaucoup de mensonges et de manipulation. On découvre son réseau. En parallèle, on découvre la vie de son ami Frank Muncaster et les conditions (atroces) de vie dans les asiles psychiatriques de l'époque.
La politique de la collaboration franchit une étape quand le Royaume-Uni décide d'organiser la rafle et la déportation des populations juives britanniques. Il y a une scène très poignante au moment du passage d'un de ces groupes de déportés dans Londres.

Mais j'ai eu plus de difficultés avec la deuxième partie du livre. David est répéré. Il va donc fuir et devoir tout abandonné. Alors que ce devrait être le moment où tout s'accélère, le rythme ralentit. On s'attarde sur ses problèmes matrimoniaux (sa femme ne savait pas qu'il était espion et pensait qu'il avait une maîtresse). Il y a tout au long du livre de nombreux flash-backs dont certains ne sont pas forcément utiles (par exemple à ceux qui concernent la vie de l'agent allemand qui est à leurs trousses). Les aspects politiques sont mis de côté alors que c'est ce qui m'intéressait le plus. C'est d'autant plus dommage qu'à la fin du roman, l'auteur a écrit une note historique très intéressantes, notamment sur la façon de choisir les personnages historiques qui allaient devenir les collaborateurs dans son roman.
De plus, le sort des personnages (fictifs) n'est pas totalement déterminé, ce que je trouve très frustrant. J'ai d'ailleurs remarqué que c'était très fréquent dans les ouvrages de près de 1000 pages, comme si l'auteur n'arrivait pas vraiment mettre un terme définitif à son livre (ce qui peut se comprendre après y avoir passé autant de temps).

Même si je ne regrette pas ma lecture, je trouve que la deuxième partie du livre aurait gagné en efficacité si l'action avait été plus resserrée.

J'ai dans ma PAL deux autres uchronies sur la Seconde Guerre mondiale : Fatherland de Robert Harris et Le faiseur d'histoire de Stephen Fry que je compte lire bientôt.

4e  participation au challenge A year in England