mardi 28 octobre 2014

Les fourberies de l'amour de Georgette Heyer

Avant-propos : J'ai déjà lu 2 Georgette Heyer (que je n'ai pas chroniqués) : Cotillon dont j'ai adoré l'humour quasi-wodehousien et Coeur indécis que j'ai trouvé nettement en-dessous du précédent. J'attendais donc ce nouvel opus (sorti vendredi) avec impatience pour savoir si j'allais apprécier cette histoire ou laisser tomber cette auteure.

Mon résumé : Christopher Fancot, dit Kit, rentre en catastrophe à Londres. Il a l'impression qu'il est arrivé quelque chose à son jumeau Evelyn. Effectivement, sa mère lui confirme qu'elle est sans nouvelle de son frère depuis plusieurs jours. Evelyn a disparu alors qu'il était parti pour tenter de régler les dettes de sa mère. La situation est d'autant plus inquiétante qu'Evelyn doit assister le lendemain à son dîner de fiançailles. Il va être officiellement présenté à la grand-mère de sa fiancée. L'accord de la douairière est l'une des conditions sine qua non  du mariage entre Evelyn et Cressida. S'il ne revient pas, les fiançailles seront annulées. Or, Evelyn rêve de se marier car cela permettrait de lever la tutelle financière imposée par son oncle qui l'empêche de disposer à sa guise de sa fortune et en particulier de payer les dettes de sa mère. Kit dit sur le ton de la plaisanterie qu'il pourrait se faire passer pour son frère. Sa mère le prend au mot et voilà que Kit se prépare à assister au dîner de fiançailles à la place de son frère...

Mon avis : Même si le point de départ semble abracadabrantesque, tout l'art de Georgette Heyer est de nous présenter des situations relativement crédibles soutenues par des dialogues enlevés et des personnages hauts en couleur.
Le héros, Kit, est très sympathique et on espère à chaque fois qu'il se sorte des situations compliquées dans lesquelles il se trouve plongé par la disparition de son frère.
L'héroïne, Cressida, n'est pas en reste. Elle s'est résolue à faire un mariage de raison parce que son père s'est remarié avec une femme de l'âge de sa fille. Cressida à l'impression d'être devenue une étrangère dans sa propre maison alors qu'elle la dirigeait seule depuis la mort de sa mère et voir dans le mariage un moyen de redevenir indépendante.
Les personnages secondaires sont très drôles à commencer par Lady Denville, la mère des jumeaux, femme totalement incapable de gérer son argent, souvent inconséquente dans ses propos, qui entretient une cour de gentlemen toujours à sa disposition pour satisfaire ses moindres caprices. Elle pourrait être un personnage très énervant mais Georgette Heyer réussit à nous la rendre sympathique malgré ses défauts.
Son premier chevalier servant, Sir Bonamy, qui ne cesse de dire qu'il est resté célibataire toute sa vie car il n'a pas pu l'épouser, est très sympathique. Ce qu'il va lui arriver à la fin de l'ouvrage fait partie des scènes les plus drôles du livre.
Le personnage de Lady Stavely, douairière acariâtre au grand cœur bien caché sous une tonne de remarques sarcastiques est un grand classique, mais ce type de seconds rôles fonctionne toujours très bien.
On peut ajouter à ceux-là, un certain nombre de cousins moralisateurs et de domestiques à la langue bien pendue.
Même si le contexte historique n'est évidemment pas le sujet principal du livre, Georgette Heyer fait  plusieurs allusions sympathiques à la politique de l'époque (Kit vit à Vienne car il a participé au Congrès éponyme qui a vu les principales puissances redécouper la carte de l'Europe après la défaite de Napoléon) ou bien sur la mode avec le style Brummel, les différents cols ou bien encore les corsets...pour homme !

En quelques mots : Evidemment, les personnages vont réussir à se sortir des situations les plus inextricables et tout finira bien. Ce Georgette Heyer permet de passer une fois de plus un moment agréable avec une aventure fort distrayante. Vous l'aurez compris, je vais continuer ma découverte de l'auteure. Adorable Sophy vient d'ailleurs de rejoindre ma PAL.


dimanche 12 octobre 2014

Avant d'aller dormir de SJ Watson

Avant-propos : Non, je n'ai pas décidé d'arrêter mon blog, c'est juste que le mois de septembre est toujours un peu agité et peu propice à la lecture. Je n'ai d'ailleurs lu qu'une seule oeuvre : Richard II de Shakespeare (et je n'en ai même pas parlé). Mais avec le retour d'octobre, j'ai réussi à reprendre la lecture et j'ai déjà fini 2 livres et autres sont en cours !
Pour me replonger dans la lecture, j'avais besoin d'un page-turner. Comme mon envie de lecture coïncidait avec la sortie de l'adaptation au cinéma, j'ai porté mon choix sur Avant d'aller dormir de SJ Watson, un des thrillers dont j'avais le plus entendu parler ces dernières années (avec Les apparences qui d'ailleurs vient aussi de sortir au ciné).

Mon résumé : Christine Lucas, 47 ans, se réveille chaque matin en pensant qu'elle a  20 ans. Elle se découvre dans le lit d'un homme qu'elle ne connaît pas et qui se révèle être son mari. Chaque matin, il lui raconte leur vie, lui montre des photographies, puis part travailler. Christine reçoit alors un coup de fil de son psychologue qui lui dit qu'elle écrit un journal, mais que son mari n'est pas au courant. Quelles vérités se cachent dans ce journal ?

Mon avis : Le propre d'un bon thriller est de procurer un sentiment d'angoisse ainsi que l'envie de découvrir rapidement la fin de l'histoire. Avant d'aller dormir est une réussite sur ces 2 aspects.
Loin des thrillers sanguinolents et de la mode des serial-killers, SJ Watson joue sur une angoisse qui peut tous nous toucher : la perte de mémoire. Quel drame que de se réveiller le matin en n'ayant aucune idée d'où l'on se trouve, ni de qui est la personne qui partage sa vie ! Dans le livre, Christine se souvient de sa vie jusqu'à l'âge de 20 ans, ce qui accentue l'aspect dramatique, puisqu'elle se réveille en pensant avoir l'avenir devant elle, pour découvrir qu'une bonne partie de sa vie s'est déjà écoulée sans qu'elle n'en garde aucun souvenir. Christine ne sait rien de sa famille, de son métier, de ses goûts. Le phénomène d'identification fonctionne bien puisque nous lisons le journal de Christine en même temps qu'elle. Nous imaginons facilement ce qu'elle ressent.
Au départ, Ben, son mari, semble être parfait : chaque matin, il lui explique les mêmes choses, lui montre les mêmes photos, lui raconte leur vie sans perdre patience. Mais peu à peu, Christine découvre qu'il lui cache certaines parties de son passé. Est-ce que quelqu'un d'autre peut décider des souvenirs que l'on doit garder ? Mais en même temps n'est-ce pas protéger quelqu'un que de lui éviter d'apprendre chaque matin une nouvelle qui la fera souffrir ? Est-ce de l'amour ?
Autre personnage énigmatique du livre : le psychiatre de Christine. Chaque matin, il lui téléphone pour lui rappeler qu'elle a écrit un journal, qu' il est caché dans son armoire et qu'elle doit le lire pour connaître sa vie. Mais il lui dit de ne pas en parler à son mari, ce qui évidemment paraît très louche. De plus, le Dr Nash a quelques difficultés à garder ses distances avec Christine. Veut-il vraiment l'aider ou a-t-il des desseins plus sombres ?
Plus les événements avancent, plus on se demande si on peut vraiment faire confiance à ce qu'on lit. Christine semble se remémorer certains souvenirs mais n'est-elle pas en train de tout inventer ? Surtout que l'on découvre qu'elle n'était pas vraiment une épouse modèle. N'a-t-elle pas intérêt à se cacher des choses ? Peut-on vraiment croire ce qu'elle écrit dans son journal ?
Une atmosphère de huis-clos pèse sur le livre puisque Christine sort peu et que ses relations se limitent presque exclusivement à son mari et à ses rendez-vous avec son médecin. Qui dit la vérité ? Qui ment ? Qu'est-il arrivé à Christine ? Qui est-on quand on n'a aucun souvenir ? Comment se projeter dans l'avenir quand on n'a plus de passé ?

Je n'avais pas vraiment vu venir le dénouement. J'avais pensé à cette hypothèse à un moment mais le livre m'avait ensuite poussée vers d'autres suspicions.

En quelques mots : Un véritable page-turner qu'on a du mal à lâcher doublée d'une réflexion intéressante (et angoissante) sur la mémoire.


Et le film ? J'ai enchaîné ensuite avec le film puisqu'il réunit 2 acteurs que j'aime beaucoup : Nicole Kidman et Colin Firth. La bonne idée a été de faire le journal de Christine sous la forme d'enregistrements vidéos. Cela aurait été bien plus ennuyeux si on avait passé notre temps à la voir écrire. Globalement, l'intrigue du film est respectée, même si je trouve qu'on se doute plus de celui qui nous ment (c'est peut-être aussi parce que je connais la fin). J'ai trouvé Colin Firth impeccable dans le rôle de Ben. Par contre, j'ai eu moins d'empathie pour la Christine du film (le fait qu'on voit les choses au lieu de le découvrir par écrire avec elle y est sans aucun doute pour quelque chose). Le film se regarde bien, mais je ne pense pas que je le reverrai.
Sinon, le film donne envie d'aller se balader dans Greenwich Park parce que la vue sur Londres paraît magnifique (et hop, je le rajoute sur ma liste de trucs à faire à Londres).