mercredi 25 juin 2014

Le pays du Dauphin Vert d'Elizabeth Goudge

Avant-propos : Je me penche en ce moment sur la littérature des années 1900-1970 et en particulier les livres écrits par les auteurs féminins (j'ai quand même quelques hommes comme Louis Bromfield ou Lewis Lewisohn dans ma PAL). Je dois dire que pour l'instant, j'y fais de merveilleuses découvertes (Vita Sackville-West, Daphne du Maurier, Elizabeth Taylor et j'en ai beaucoup qui m'attendent : Elizabeth von Arnim, Elizabeth Bowen, Virginia Woolf, Barbara Pym, Ivy Compton-Burnett, Julia Strachey, Irmgard Keun, Zelda Fitzgerald pour ne citer que celles que je compte lire au plus vite). Elizabeth Goudge fait partie de ces auteurs. J'avais lu beaucoup de bien de ce livre et je l'avais acheté mais il traînait dans ma PAL depuis un an. Et puis Praline m'a proposé une LC et je l'en remercie car sans elle, il aurait sans doute pris la poussière très longtemps sur mes étagères (il faut dire que c'est un pavé de 800 pages).
J'ai vécu une très belle aventure avec ce roman qui m'a emporté très loin.

Mon résumé : La famille Le Patourel fait partie de la bonne société des îles anglo-normandes. Marianne, l'aînée, à 16 ans. C'est une jeune fille déterminée qui mène sa famille à la baguette. Sa soeur, Marguerite, 11 ans est une jolie petite fille qui est toujours heureuse et séduit tous les gens qu'elle rencontre.  Un jour, le Docteur Ozanne s'installe dans l'île avec son fils de 13 ans, William. La vie des Le Patourel va être bouleversée. Certains des personnages vont traverser le monde pour aller jusqu'en Nouvelle-Zélande.

Mon avis : Ce roman possède un charme mystérieux qui envoûte tous ses lecteurs. Je n'ai pour l'instant lu aucun avis négatif sur celui-ci au contraire. Un peu comme Elizabeth Taylor, je ne comprends pas qu'Elizabeth Goudge ne soit pas plus connue et je vais m'empresser de lire un autre de ses romans.
C'est drôle que mon billet tombe peu après celui de L'Auberge de la Jamaïque car j'ai trouvé dans Le pays du Dauphin Vert tout ce que j'avais pensé trouver dans L'Auberge (voyages au bout du monde, aventures extraordinaires comme se faire capturer par les Maoris, personnages secondaires inoubliables...).
C'est encore un livre dont il est difficile tellement son contenu est riche.

La première partie du livre met en scène un triangle amoureux et 2 coups de foudre. Les 2 jeunes héroïnes, Marianne et Marguerite tombent amoureuse du jeune William qui lui-même n'a d'yeux que pour Marguerite bien que ce soit avec Marianne qu'il part à l'aventure sur une barque pour monter sur un bateau où il a sa première rencontre déterminante avec l'inoubliable capitaine O'Hara. Ce jour-là, William décide de devenir marin. Marianne va alors tout faire pour l'aider à réaliser son rêve, poussant son père à financer la carrière de William. Elle est persuadée que William l'aime et ne voit pas qu'il s'intéresse à Marguerite. Mais le destin va les séparer car William part au bout en Chine où il est porté disparu. Je rassure les réfractaires aux histoires d'amour l'ensemble n'est pas du tout pesant ni à l'eau de rose (dédicace spéciale à une blogueuse qui se reconnaîtra^^). Ce sont les émois du premier amour où les héros oscillent entre témérité et timidité.

En Chine, William a été drogué et dépouillé de toutes ses possessions. Il a manqué le départ de son bateau. Par un hasard digne de Dickens, il retrouve le capitaine O'Hara et embarque pour la Nouvelle-Zélande. Mais n'ayant pas fait les démarches pour expliquer le fait qu'il ne s'est pas présenté au départ du bateau, il est considéré comme déserteur par la Royal Navy. Il s'installe donc comme colon en Nouvelle-Zélande. Dix ans après son départ, il envoie une lettre pour expliquer au Le Patourel qu'il est vivant et qu'il demande en mariage la main d'une de leur fille.  Est-ce la décidée Marianne ou la douce Marguerite ? (Ne lisez pas la 4e de couverture qui vous révèle un rebondissement important, même si cela ne gâche quand même pas le livre).

Ce livre baigne dans une certaine atmosphère de spiritualité. Au départ, j'ai eu un peu peur que ce livre se cantonne à la religion chrétienne, mais ce n'est pas le cas. Même si la plupart des personnages croient en quelque chose, les croyances sont diverses : du missionnaire aux croyances des maoris en passant part le marin qui croit plutôt au dieu de la mer. De plus, certains pensent être liés même quand ils sont à l'autre bout du monde. Ce livre évoque aussi un questionnement intéressant sur le pays où l'on se sent chez soi : pur certains c'est l'endroit où ils se sentent libres, d'autres, la personne avec qui ils sont ou bien encore Le pays du Dauphin Vert endroit imaginaire où il arrive des histoires merveilleuses et où toutes les personnes qu'on aime sont réunies. Certains passages sont très poétiques.

Ce livre comprend aussi des personnages secondaires inoubliables comme le capitaine O'Hara avec son dentier et sa perruque, son franc-parler (Begarra !) et son coeur aussi grand que la mer qu'il parcourt. Il est accompagné du fidèle Nat, borgne, qui s'exprime dans son propre que langage mais que tout le monde réussit à comprendre. Il y a aussi Tai Haruru qui a vécu avec les Maoris et qui a choisi ensuite une vie de solitaire respectueuse de la nature et de toutes les populations. Sans oublier, Old Nick le perroquet qui a traversé le monde. Certains passages les concernant sont très émouvants.
L'auteur montre que la famille est aussi composée des membres que l'on choisit.

L'auteur évoque aussi la colonisation de la Nouvelle-Zélande à partir de 1840. Celle-ci est racontée sans manichéisme. Certains colons sont amis des maoris tandis que d'autres les considèrent comme inférieurs. De même, certains maoris prennent d'énormes risques face à leur communauté pour protéger certains colons, tandis que d'autres luttent à mort.

En quelques mots : Un livre qui m'a accompagné pendant plus de 3 semaines et je ne regrette pas du tout mon voyage. Malgré quelques digressions de l'auteure, je n'ai jamais trouvé le temps et j'ai savouré toutes les pages. Un coup de coeur !
Le billet de Praline







18 commentaires:

  1. On m'avait déjà conseillé ce livre, mais le titre ne m'emballait pas plus que ça. Ton billet me donne envie de le découvrir. Je n'hésiterai pas si je le croise dans l'une ou l'autre bouquinerie cet été... ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le titre n'est pas très révélateur effectivement, mais le livre est vraiment un beau voyage.

      Supprimer
  2. Ce fut un énorme coup de cœur pour moi et le début de mon histoire d'amour avec Goudge. Un délice! Je te conseille mille fois ses autres romans.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai déjà acheté La colline aux gentianes ;-) Malheureusement, la plupart de ses livres sont épuisés, c'est fort dommage !

      Supprimer
  3. Cela fait bien longtemps que j'ai envie de le lire, je n'ai lu qu'un seul livre d'Elizabeth Goudge que j'avais beaucoup aimé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faut avoir du temps pour le lire, mais je peux que te le conseiller. Je ne sais pas si les autres livres de Goudge sont très différents, mais je compte le découvrir !

      Supprimer
  4. Heureuse de te lire si enthousiaste ! Je suis aussi ravie de cette LC, je crois que j'aurai hésité longtemps devant ce pavé sans toi :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Exactement pareil ! Nous avons fait un beau voyage :-)

      Supprimer
  5. La dédicace 0% eau de rose serait-elle pour moi ? :D
    Tu fais bien de me le dire : ce roman dort dans ma PAL depuis trop longtemps ! Je le fais donc avancer de quelques crans (mais pas trop non plus : je suis déjà sur un pavé de 800 pages ; je prendrai un court format avant d'en attaquer un nouveau)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu t'es reconnue :-) !
      En plus, s'il est déjà dans ta PAL, il faut vraiment que tu le lises ! Je verrai ce que tu en penseras, mais pour ma part, j'y ai trouvé ce que je cherchais dans L'Auberge de la Jamaïque, notamment une héroïne plus "couillue" ^^
      Je te comprends depuis que je l'ai fini, je ne choisis que des livres de moins de 200 pages et si possible écrit gros. Parce qu'il fait certes 800 pages, mais en plus c'est écrit tout petit. Ca fait plus l'équivalent d'un 1200 pages traditionnel.

      Supprimer
  6. Une romancière que je dois absolument découvrir (ainsi que Barbara Pym, Elizabeth von Arnim, Zelda Fitzgerald et Virginia Woolf) ! J'avais été un poil déçue par Elizabeth Bowen, et je compte relire du Sackville-West très prochainement. J'ai également emprunté un autre Lewisohn à la bibliothèque, pas plus tard que la semaine dernière.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais effectivement lu des nouvelles de Bowen qui ne m'avaient pas particulièrement enthousiasmée, mais son livre porte sur la vie à Londres en 1941 et ça me tente beaucoup. A voir.
      J'ai toujours très envie de lire Lewisohn, mais il y en a tant d'autres....et pas assez de temps :(

      Supprimer
  7. L'un des romans de Goudge, Sortilèges (Linnets & Valerians), est l'un des classiques de mon enfance ! Mais je ne crois pas en avoir lu un autre d'elle... Peut-être La colline aux gentianes, vu que le titre m dit quelque chose. Faudrait que je me remette à Goudge :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'étais tenté par le secret de Moonacre, mais il est lui aussi épuisé. Srtilèges également sans aucun doute puisque que je n'ai vu que 3 titres disponibles. Je sais qu'en Angleterre la réédition de The white witch a été épuisé en quelques mois. Je ne comprend pas que ça ne mette pas la puce à l'oreille aux éditeurs... J’espère que tu auras l'occasion de la lire !

      Supprimer
  8. Je ne connais pas non plus beaucoup la littérature féminine des années 1900-1970 (V.Woolf exceptée) et pas du tout E.Goudge mais tu m'as convaincue !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu m'en vois ravie. J'ai récupéré les 3 autres qui étaient disponibles donc tu en découvriras d'autres sur le blog ;-)

      Supprimer