dimanche 28 avril 2013

Great Expectations, adaptation de la BBC 2011

Avant-propos : Comme vous le savez si vous me suivez depuis un certain temps, je suis obsessionnelle avec certains auteurs. Il y avait Jane Austen, il y a Shakespeare même si ce n'est pas encore trop apparu sur le blog parce que je ne l'avais pas lu depuis longtemps, il y a les soeurs Brontë qui m'intriguent (j'ai juste 4 billets à écrire à leur sujet) et maintenant il va y avoir Dickens (mais non, je n'ai pas été anglaise dans une autre vie !). De plus, en me baladant hier sur internet, je suis tombée sur des avis qui m'ont donné envie de me précipiter dessus (l'un disant que le téléfilm ne réinterprétait pas Dickens, il l'éviscerait, l'autre plus drôle disant que Booth -acteur qui joue Pip- était si charmant que si elle avait été Miss Havisham, elle l'aurait épousé sur le champ rien que pour le plaisir de le contempler les matins au petit-déjeuner).

Mon résumé : voir le billet du livre. Je vais reprendre tant qu'à faire les 3 mêmes points à savoir l'ambiance, les personnages et l'humour.

ATTENTION, CE BILLET PEUT CONTENIR DES SPOILERS 

Mon avis : Le point fort de cette adaptation est l'ambiance qui est très bien transcrite dans les décors et dans la mise en scène. Les images sont travaillées dans les tons bleu-gris, ce qui donne un effet un peu fantasmagorique à l'ensemble que je trouve assez intéressant et assez respectueux de l'oeuvre de Dickens. Les décors sont réussis : la maison des Gargery à l'air d'une maison de forgeron, les marécages sont bien inquiétants, Londres est plutôt bien évoquée. Quant à Satis House, j'ai aimé son aspect vieux manoir hanté (même si on perd complètement l'aspect ancienne brasserie). J'ai vu certains (voir ci-dessous) discourir sur le fait que les pièces étaient trop éclairées (dans le roman, il est vrai qu'on se déplace dans le noir à la bougie), mais en même temps, cela me semble évident que ce n'est pas possible de le retranscrire visuellement [personnellement, je n'ai pas envie de regarder un écran quasi noir pendant 3h]. La pièce du gâteau est bien glauque (la table pour les invités est encore dressée). Par contre, je n'ai pas trop aimé le côté un peu fouillis de l'autre pièce avec ses animaux empaillés et sa peau de tigre au sol. Mais ce ne sont que des détails et globalement, j'ai aimé l'impression visuelle de cette adaptation. A noter aussi le très beau générique avec des papillons [aucune idée pourquoi des papillons, sans doute une métaphore cucu].


Viennent ensuite les personnages. C'est là où les choses vont commencer à se gâter.
Commençons par la bonne surprise, j'ai nommé Herbert Pocket, soit l'un des personnages que j'avais trouvé les plus mièvres du roman. Ici, Harry Lloyd [pour la petite histoire arrière-arrière-arrière-petit-fils de Dickens, c'est sans doute pour cela qu'il comprend si bien le personnage, mais aussi -et j'ai failli tomber de mon siège- Viserys Targaryen dans GOT-vous savez celui qui a des problèmes avec sa couronne- évidemment, il est absolument méconnaissable]. Il donne vie au personnage d'Herbert en étant joyeux mais jamais mou et même drôle. Je dirais même qu'il vole la vedette à Pip, interprété par Douglas Booth. Au départ, j'étais contente car je me suis dit chouette Pip est interprété comme je l'avais saisi, c'est-à-dire avec un côté gentil et un peu innocent. Mais, en fait ce n'est pas vraiment ça. C'est juste que l'acteur a un côté mono-expressif à la Robert Pattison (et le même teint cadavérique). J'ai été plus passionnée par ses cheveux [incroyable le nombre de coiffures différentes que l'on peut faire avec des cheveux aussi courts] que par son jeu. Et de savoir qu'il a été casté pour jouer Roméo dans la nouvelle adaptation qui va sortir me fait juste froid dans le dos [mais je lui prédis un bel avenir auprès des adolescentes pré-pubères, le côté imberbe vampirique étant à la mode].
J'avais trouvé que c'était une très bonne idée d'introduire le personnage d'Orlick dès le début et de lui donner une motivation claire : se venger des humiliations répétées qu'il subit à cause de Pip (parce qu'il faut avouer que dans le roman, on se demande un peu ce qu'il lui prend). De plus, l'acteur à un côté paysan retardé très marqué  [il manque même des dents, c'est pour dire !]. Le problème est que SA grande scène de bagarre est absolument ridicule puisque Pip se dégage en 2 temps 3 mouvements.
Autre bonne idée, la façon dont est développé le personnage de Drummle qui devient presque intelligent, mais surtout un rival de Pip bien énervant, par exemple quand il se moque de son surnom. Il y a même une scène dans un bordel (oui, oui) qui ne m'a pas choquée plus que cela, car elle permet juste de montrer l'innocence de Pip et la dépravation de Drummle. Mais comme pour Orlick, cette bonne idée n'aboutit à rien puisque on ne voit pas Drummle devenir violent et s'en prendre à Estella (ce qui est tout de même un élément essentiel de compréhension). De plus, cela aurait été parfaitement lié au fait que Pip dise à Miss Havisham qu'elle ne comprend en fait rien aux hommes. Mais, non, toutes ces bonnes idées tombent à l'eau.
Pour les autres rôles (Magwitch, Jaggers, Wemmick), je n'ai pas grand chose à dire, ils sont plutôt bons (mais pas transcendants non plus).

Passons aux éléments qui me posent vraiment un problème, car j'ai l'impression que le scénariste / réalisateur n'a pas lu le même livre que moi.
Tout d'abord, j'ai dû mal à me prononcer sur l'interprétation de Gillian Anderson dans le rôle de Miss Havisham. Je suis tout de même un peu déçue, mais c'est en partie dû à des choix de réalisation. Ce n'est pas de sa faute si, en plus de lui demander de se gratter la main sans cesse, la caméra fait un plan de 30 secondes dessus [et c'est long 30 secondes] pour nous faire bien comprendre que c'est l'une des manifestations de sa folie. Ce n'est pas de sa faute si on lui fait insister sur le côté fou de Miss Havisham en zappant presque totalement le côté manipulateur. Je dirais qu'elle fait ce qu'elle peut avec les faiblesses du scénario. Par contre, elle est magistrale et totalement flippante dans sa dernière scène, ce qui me laisse vraiment penser qu'elle aurait pu être meilleure.
Mais ce n'est rien à côté de ce qui a été fait à Joe ! Pauvre Joe qui se retournerait dans sa tombe s'il n'était pas un personnage fictif ! Joe l'homme profondément bon et simple devient intelligent, se permet de débarquer au club de Pip pour faire un esclandre [j'en suis encore toute retournée] et explique à Pip qu'il devrait avoir honte de lui d'avoir abandonné sa famille [je ne suis pas sûre de m'en remettre !]. Bref, quand on a rien compris à ce point-là au personnage de Joe, je crois qu'on n'a rien compris au livre.
Quant au personnage d'Estella ? La pauvre, il n'était déjà pas facile de la sauver par rapport au roman, car tout ce qu'elle avait pour elle était sa beauté. Mais, je peux vous dire que j'ai fait un bond quand je l'ai vu apparaître à l'écran car bon sang qu'elle est laide [et en plus elle se tient mal comme vous pouvez le voir sur le photo et c'est comme ça pendant tout le film] ! C'est un peu comme si on nous collait une gravure de mode pour jouer Jane Eyre ! Sans sa beauté et son pouvoir sur les hommes Estella n'est plus grand chose. Mais, ce n'est pas grave, les scénaristes ont essayé de combler ça en créant une romance avec Pip. Au départ, j'ai trouvé ça plutôt bien vu car étant enfant, elle aurait eu cette faiblesse pour Pip ce qui expliquait que Miss Havisham le renvoie et montrait qu'elle entraînait Estella à séduire les hommes.  Mais après, elle passe son temps à copiner avec Pip, n'est pas du tout la dame de glace qu'elle devrait être et va même jusqu'à échanger un baiser avec lui avant son mariage dans une scène grotesque où elle retire ses chaussures, ses bas et remonte sa robe à mi-cuisses pour aller dans l'eau avant de se faire embrasser par Pip ! [vous ne m'ôterez pas de l'idée que le réalisateur n'a pas tout compris à la période]. Je ne vous parle même pas du moment où elle embrasse sur le museau le cheval qui vient de tuer son mari !

Dernier aspect : l'humour. Ca va aller vite il n'y en a pas, à part une scène qui n'est pas dans le roman où Herbert apprend à danser à Pip. Comme le dit si bien Andrew Davies -réalisateur d'orgueil et Préjugés avec Colin Firth mais aussi de Little Dorrit et Bleak House de Dickens - " si on supprime l'humour de Dickens, ce n'est plus du Dickens " (combien je regrette qu'il ne se soit pas attelé à cette adaptation !).

En quelques mots : Certes, je pointe beaucoup de points négatifs et c'est une adaptation assez moyenne du livre de Dickens, mais est-ce pour autant un mauvais téléfilm si on ne connaît pas l'histoire ? Eh bien, la réponse est non, cela se suit quand même avec plaisir et même si certaines interprétations de l'oeuvre peuvent faire bondir, il y avait quelques idées intéressantes et les 3 épisodes passent tout de même assez vite. Je le reverrai à l'occasion.

Les avis de Perséphone et de Livia qui sont tous deux un peu mitigés, mais pas toujours pour les mêmes raisons que moi.


samedi 27 avril 2013

Great Expectations de Charles Dickens

Lecture commune organisée par Adalana.

Avant-propos : Je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment, je ne cesse d'avoir des coups de coeur. J'en ai presque eu autant un mois qu'en un an de blog. Il est vrai qu'il est plus simple d'avoir des coups de coeur en lisant du Shakespeare, du Dickens et du Pouchkine (à venir) que des auteurs dont je tairais le nom. Toutefois, je songe sérieusement à ressortir une austenerie de ma PAL pour être sûre que je ne suis pas entrée au pays des bisounours (j'ai même du para-shakespeare et pourquoi pas du para-dickens pour me venir en aide).

Mon résumé : Le jeune Pip est élevé par sa sœur dans de rudes conditions, malgré toute l'affection que lui porte son beau-frère, Joe. Un jour, il rencontre au cimetière un détenu en fuite qui le menace de mort s'il ne lui apporte pas à manger...

Mon avis : J'ai tout de suite été happée par l'ambiance du roman : la scène dans le cimetière, l'apparition quasi-fantomatique du détenu, les marécages brumeux (qui m'ont rappelé bizarrement les moors)  où l'on trouve des bateaux-prisons, puis la maison de Miss Havisham [ce que les anglais peuvent cacher dans leurs maisons fait peur^^], tous ces éléments m'ont paru donner un côté presque gothique à l'ensemble. Le jeune Pip est effrayé mais on le serait à moins [personnellement, je n'en aurais pas mené large non plus à sa place]. Cette ambiance change quand il arrive à Londres et j'avoue qu'elle m'a un peu moins plu (mais si les passages à Newgate sont bien inquiétants quand même).

Le roman offre une galerie de personnages impressionnante à commencer par Miss Havisham qui est l'un des personnages les plus marquants que j'aie jamais lu. Je connaissais déjà vaguement ce personnage, je savais qu'elle se promenait en robe de mariée et qu'elle avait arrêté ses horloges. Je dois dire que je n'ai pas été déçue ! J'ai été totalement fascinée par ce personnage, par sa folie d'abord et puis encore plus quand je me suis rendue qu'elle cachait bien plus que cela (à la fois ce qui lui est arrivé et ce qu'elle a fait ensuite) [au cas où comme moi vous vous poseriez la question, oui il y a bien un écrivaillon auteur qui a décidé d'écrire la vie de ce personnage et oui ça me tente presque de le lire + il paraît qu'elle apparaît dans le tome 2 des Thursday Next que je vais m'empresser de lire].
Les personnages de Joe et de Magwitch sont aussi terriblement émouvants par leur bonté, même si on ne peut pas trouver 2 personnages plus éloignés au départ. Le personnage de Joe est pour moi un tour de force, car il arrive à être extrêmement simple (et souvent simple d'esprit) tout en restant touchant [j'avoue qu'en général les personnages de gentil simplet m'horripile un peu, mais là, Joe est tellement profond dans sa simplicité que je n'ai pu être que touché]. Magwitch quant-à-lui est un peu son opposé [ou son contraire?] car il apparaît comme méchant [et d'ailleurs on ne sait jamais vraiment ce qu'il a fait, ni de quoi il a été responsable par rapport à sa femme, vu que leurs 2 versions s'opposent] et se révèle au final terriblement émouvant [oui je sais j'ai écrit 2 fois terriblement émouvants dans le même paragraphe].
Et notre héros Pip ? Je n'irai pas jusqu'à dire que je l'ai bien aimé parce qu'il est quelque fois terriblement imbu de lui-même, mais je n'ai pas eu envie de lui donner des claques [contrairement à certaines de mes partenaires de LC^^]. D'abord, parce qu'il a un côté daydreamer (rêver éveillé? - il n'y a pas d’équivalent joli en français) qui me touche forcément. Quelque soit l’événement  tout de suite son esprit se met au travail : que ce soit pour imaginer les pires atrocités avec un léger côté paranoïaque (les gens qui le poursuivent sans cesse, Miss Havisham lui apparaissant pendue à une fenêtre) ou bien pour le côté exagérément positif (l'espoir sans faille qu'Estella lui est destinée, ses grandes espérances). Il a aussi un côté naïf et à côté de la plaque qui me plaît beaucoup. J'ai adoré les fois où il ne comprend pas ce qu'on lui dit et réagit de manière malencontreuse (comme quand il sert la main au lieu de donner son chapeau pour le deuil) ou bien quand il fait semblant d'avoir compris de quoi on lui parle alors que ce n'est pas le cas (quand on lui demande si les choses anciennes ne le dérange pas et qu'il croit qu'on lui parle d'un morceau de viande). Et puis surtout ce qui m'a rendu toutes ses erreurs acceptables, c'est qu'on sent bien, vu qu'il nous raconte ses souvenirs et intervient régulièrement dans le récit, qu'il regrette beaucoup de choses qu'il a faites. Sans ces passages, j'aurais eu évidemment beaucoup plus de difficultés à supporter le personnage. En fait si, je l'aime bien Pip [et moi aussi, j'ai un côté snob de toute façon].
Et Estella ? Eh bien, contrairement à tout le monde ou presque, je l'apprécie. Je trouve que vu la façon dont elle a été élevée, elle ne pouvait guère tourner autrement.
Spoiler:
{La scène où elle s'oppose à Miss Havisham est particulièrement marquante, on sent qu'elle lui reproche quand même ce qu'elle est devenue et qu'en même temps quand Miss H lui demande de l'amour, elle ne peut plus lui en donner tellement elle a assimilé les leçons de Miss H. De plus, elle dit à Pip qu'elle pourrait jouer avec son coeur à lui, mais elle ne le fait pas. Et j'ai pitié pour elle, pour ce qui lui est arrivé avec l'Araignée-Bentley Drummle}
J'aurais apprécié qu'elle ait davantage de scènes. Ce qui ne m'empêche pas de penser que Pip aurait dû ouvrir les yeux, mais je comprends qu'il est beaucoup de difficultés car leur rencontre a eu lieu quand ils étaient enfants et qu'elle a transformé sa vision de lui-même et du monde.

J'ai aussi énormément apprécié l'humour de Dickens. Sa description des situations et des personnages est tellement drôle (surtout dans la première partie) et fine. Ma victime préférée est définitivement M. Wopsle qui est capable de se lancer dans un discours insignifiant comme s'il déclamait les monologues d'Hamlet et de Richard III à la fois, et d'ailleurs, il va jouer Hamlet un peu plus tard ce qui m'a fait mourir de rire (de mêmes que les autres pièces auxquelles assistera Pip). Pas loin derrière suit M. Pumblechook l'obséquieux de service. Le duo Jaggers/ Wemmick se trouve au final être un duo comique très drôle (même s'ils sont aussi bien plus que çà).
Spoiler: 
{La scène où Jaggers découvre la réalité de la vie de Wemmick et le fait qu'il est presque gentil est juste hilarante, sans parler du mariage de Wemmick que je n'ai absolument pas vu venir ou bien encore le fait que Jaggers se lave les mains comme pour laver la saleté et la bêtise des gens}
En quelques mots : J'aurais encore beaucoup à dire sur ce livre, notamment au sujet du message de Dickens, mais j'avoue ne pas encore avoir assez digéré le livre pour le faire. Mais, j'ai déjà envie de relire certains passages de ce livre et de lire d'autres livres de Dickens (copines de LC, j'ai vu que certaines partageaient cette envie!). Je ne suis pas peu fière non plus de l'avoir lu en VO, ne lisant la traduction qu'à quelques reprises. D'ailleurs, je pense que si Dickens n'est pas autant apprécié qu'il le devrait en France, c'est parce que les traductions datent un peu et ont un côté vieillot (j'en ai essayé 3 différentes avant de me tourner vers la VO) qu'on ne retrouve absolument pas en anglais.

Pour continuer dans cet univers : Je vais de ce pas regarder l'adaptation de la BBC 2011 (qui divise totalement ceux qui l'ont vu avec des réflexions très drôles dont je vous ferai part demain si j'ai le temps) et je désespère de voir un jour l'adaptation de Mike Newell avec Helena Bonham Carter (qu'on imagine totalement en Miss Havisham) et Ralph Fiennes mais qui après n'être pas sortie en France, n'est disponible nulle part, même pas en dvd anglais ! Et au milieu de tout cela, il y a aussi une adaptation de David Lean.
Je compte aussi lire très vite le tome 2 des aventures de Thursday Next que j'ai reçu hier (et je trépigne). Mais pourquoi les journées n'ont-elles que 24h????

Les billets de mes partenaires de LC : Adalana, Camille, Mrs Figg, La Lyre, Virgule








mercredi 24 avril 2013

Scandale et calomnie d'Anne Perry (Monk, Tome 7)


Lecture commune organisée par Syl avec Adalana et Claire


Mon résumé : La comtesse Zorah Rostova décide d'engager Sir Oliver Rathbone (il a été récemment anobli) pour la défendre car elle est accusée de calomnie : elle a accusé Gisela Berentz, la femme d'un prince allemand en exil, d'avoir tué son mari. Zorah réfute l'accusation car elle maintient que Gisela l'a tué, mais sans pouvoir fournir aucune preuve. Sous le charme de la comtesse, Oliver accepte un peu rapidement de la défendre et va se retrouver engager dans un procès où il va risquer jusqu'à sa réputation...

Mon avis : Encore une très bonne aventure de Monk (et pourtant je ne m'en souvenais quasiment pas). Le contexte historique est passionnant puisqu'il s'agit de celui de la volonté de créer une Allemagne unifiée (qui ne sera effective qu'en 1871). Mais déjà les passions se déchaînent et les membres de ce royaume allemand fictif se déchirent entre tenants de l'indépendance et chantres de l'unification. Les aspirations à la liberté des différents peuples sont particulièrement bien décrites et l'auteure a mis en opposition de manière particulièrement intéressante la situation des anglais qui n'ont pas été sous le joug d'un oppresseur depuis fort longtemps.
Ajoutons là-dessus, la love story du siècle à la Edouard VIII-Wallis Simpson car le prince héritier du royaume a préféré l'exil pour pouvoir épouser Gisela. Quand l'accusation de Zorah tombe personne ne peut croire que Gisela ait tué l'amour de sa vie et Anne Perry décrit très bien la pression de la foule dans cette affaire, Gisela étant adulée un peu à la manière de Diana.
Quant à nos héros, leur univers est bousculé : Oliver perd confiance, doute, ne sait plus pourquoi il a accepté cette affaire et a peur pour son avenir. Monk part enquêter à Venise et Felzbourg (la capitale du royaume fictif) et se retrouve à jouer le joli-coeur auprès d'une dame. Hester tente de soutenir Oliver et de secouer Monk (entre les deux, son coeur...).
On retrouve aussi avec beaucoup de plaisir et d'émotions la charmante Victoria Stanhope, dont on avait découvert le destin cruel dans le tome 4.

En quelques mots : une très bonne aventure de Monk qui vaut notamment par son contexte, même si l'intrigue ne nous livre pas son lot de rebondissements habituel.

Les avis de Syl, Adalana et Claire.







lundi 22 avril 2013

Le grand livre de Connie Willis (Oxford Time Travel, Tome 1)

Avant-propos : Il y a quelques jours, je me baladais dans les ruines du théâtre antique d'Orange, sur le site de Glanum, dans l'amphithéâtre et le théâtre d'Arles en me disant "Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour revenir quelques jours à cette époque ! Pour voir comment c'était en réalité et pas seulement en ruine !"  J'étais justement tombée, il y a peu, sur ce billet de Lili qui évoquait Sans parler du chien de Connie Willis où des historiens voyagent dans le temps. A peine rentrée de vacances, je suis allée à la bibliothèque emprunter le premier tome de la série (et d'autres livres aussi, évidemment !).

Mon résumé : Oxford, 2054. L'équipe du Médiéval d'Oxford profite de l'absence du recteur d'Histoire pour organiser un voyage dans le temps vers l'an 1320, époque pourtant classée de type 10 sur l'échelle des risques. Kivrin Engle, jeune historienne, est impatiente à l'idée de découvrir la période et de confronter la vision qu'ont les historiens du Moyen-Age à la réalité. Seul le professeur Dunworthy, qui a effectué des voyages dans le temps au XXe siècle, est inquiet de ce qui pourrait arriver à Kivrin. Le transfert semble bien se passer, mais quelques minutes après le technicien chargé du voyage tombe malade...

Mon avis : J'avoue que, même si au final, j'ai adoré cette lecture, il y a quand même quelques défauts assez importants. Tout d'abord, il y a des problèmes de traduction. Le seul titre le prouve puisque en anglais il s'agit de Doomsday Book soit le livre de l'Apocalypse ou du Jugement dernier et non pas le grand livre. Certes le mot fait aussi référence au Domesday Book anglais (dont la graphie d'origine était Doomsday) qui est un grand recensement effectué à la demande de Guillaume le Conquérant pour connaître les ressources de l'Angleterre (et accessoirement les taxes qu'il pourrait lever). Justement, ce recensement était tellement important que les anglais de l'époque le pensait irréversible. Tout ça pour dire qu'une fois de plus, la traduction est à côté de la plaque (alors que je n'ai plus fait d'anglais depuis le lycée quand même !). Si il n'y avait que le titre. Mais j'ai dû relire certaines phrases plusieurs fois pour trouver quel en était le sujet. Les mots fuligineuse (jamais entendu = qui produit de la suie) et fébrifuge (j'ai compris d'après le contexte = antipyrétique -merci le dico! = qui lutte contre la fièvre) ont été employés chacun à 3 reprises. Enfin, les abréviations étaient trop nombreuses et pas expliquées : tech (=techniciens), vid (=vidéos), holos (=hologrammes), TP (= tenues de protection!!) et CE sachant qu'il a été écrit en 1992 (= communauté européenne). Je ne doute pas que ces abréviations soient présentes dans le livre original, mais elles sont peut être utilisées en anglais (j'avoue ne pas avoir poussé le vice jusqu'à aller voir quel terme était traduit, mais j'en ai eu l'idée) alors qu'en français à part tech, le reste n'a aucun sens.
Mais, il y aussi des problèmes de rythme dans les 200 premières pages. Dès le début, on plonge dans l'action avec le transfert sans trop savoir qui est qui et qui fait quoi et il est un peu dur de retenir le flot d'informations déversé sur nous (d'ailleurs, j'ai relu les premières pages après et je me suis rendue compte de tout ce que j'avais manqué). Mais juste après le rythme se ralentit : on sait qu'il y a eu un problème avec le transfert dès les premiers chapitres, mais on ne saura quel est ce problème (alors qu'on s'en doute vraiment très très fortement) qu'au milieu du livre. Les personnages passent beaucoup de temps à se chercher et à s'appeler au téléphone ce qui casse le rythme.

Alors pourquoi au final est-ce un coup de coeur ? 
D'abord pour ses personnages et en particulier les personnages secondaires. Kivrin me laissait un peu de glace au départ car elle était trop sûre d'elle, que rien ne lui arriverait et que ce serait formidable. De plus, elle tombe rapidement malade et passe la première moitié du livre au lit, ce qui n'est pas particulièrement intéressant (même si cela permet de décrire l'intérieur d'une maison au Moyen-Age). Mais dans la deuxième moitié du livre, elle se révèle et devient extrêmement attachante. Dunworthy, quant-à-lui, a tellement peur de tout pour Kivrin (des brigands, des violeurs, des maladies, du froid...) qu'on se demande si il n'est pas amoureux d'elle. D'ailleurs, il va remuer ciel et terre pour essayer de la faire revenir. J'ai beaucoup aimé son  humour car il est très ironique avec parfois un petit côté méchant qui me ressemble beaucoup. Il faut dire qu'il doit se coltiner des personnages gratinés : de Finch son assistant hyper-responsable mais qui panique dès qu'il faut prendre une initiative et qui est obsédé par le risque de manquer de papier hygiénique à Mrs Meager, la mère surprotectrice d'un étudiant et donneuse de leçons (si possible bibliques), d'une troupe de carillonneuses américaines venues pour présenter leurs symphonies et devant sans cesse s'entraîner à ses collègues du Médiéval qui ne comprennent rien aux voyages dans le temps, de William Meager, le fils de la Mégère qui passe son temps à courir le guilledou et à se cacher de sa mère à Colin, le petit-neveu de 12 ans d'une amie de Dunworthy qui passe son temps à tout qualifier d'apocalyptique et de nécrotique, Dunworthy est bien occupé et doit gérer énormément de choses. J'ai adoré toute cette galerie de personnages (il y en a encore d'autres) qui se révèlent au final tous attachants -sauf la Mégère- avec une mention spéciale pour Colin, mélange de maturité et d'espièglerie qui tente de cacher des blessures due à une mère absente.

Ensuite pour ce qu'il se passe en 2054. Comme leur technicien tombe malade, une quarantaine va être déclarée à Oxford. J'ai aimé la façon dont sont présentées les réactions des personnes face à cet événement : que ce soit l'attachement obsessionnel à un détail (le risque de manquer de papier toilette pour Finch), le refus de changer quelque chose à sa vie (poursuivre des fouilles archéologiques par exemple), la volonté de chercher un coupable (les voyages spatio-temporels ou la communauté européenne avec des manifestations d'euro-sceptiques) ou bien encore le refuge dans la religion, tous ces éléments m'ont semblé crédibles. L'auteure décrit aussi la mutation d'un virus, le H9N2, qui pourrait se transmettre du poulet à l'homme (et je vous rappelle que le livre a été publié en 1992, ce qui fait froid dans le dos, tellement ce qu'elle décrit correspond à ce qu'on nous a expliqué au moment du H1N1). Le seul élément étonnant est que l'auteure n'ait pas pensé à "inventer" des téléphones sans fil (il me semble pourtant qu'il y avait déjà des téléphones portables en 1992??? avec d'énormes antennes?), car le côté "je dois attendre chez moi un coup de fil" semble terriblement daté.

Au départ, j'ai été un peu déçue par ce qu'il se passait au Moyen-Age puisque il ne se passait rien Kivrin tombe malade comme je l'ai dit plus haut. J'ai apprécié le fait qu'elle se rende compte qu'en fait elle était préparée en théorie, mais pas forcément dans la réalité même si elle avait fait beaucoup d'efforts (apprendre à allumer un feu sans silex par exemple). L'époque est terriblement âpre (on n'est pas dans un Moyen-Age de conte de fées, mais dans une version assez juste de la période) et Kivrin se rend compte que toutes les probabilités ne tiennent pas forcément face à la réalité. La deuxième partie est beaucoup plus intéressante quand on se rend compte du problème qui s'est produit au cours de son transfert. La situation de Kivrin devient beaucoup plus dramatique. Certains passages sont vraiment poignants et j'ai même versé quelques larmes (et pourtant, je pleure très très rarement devant un livre). J'ai adoré la fin qui devient de plus en plus dure (certains héros ne survivront pas) et il n'y a pas vraiment de happy end, mais cela me semble beaucoup plus réaliste comme çà.

En quelques mots : Même si je vois les défauts du livre (et certains ne l'aiment pas du tout d'ailleurs), je n'ai pas pu le lâcher et j'ai été séduite et bouleversée par la fin. Je vais poursuivre dès que j'aurai mis la main dessus avec Sans parler du chien qui semble un brin moins dramatique. Le livre Black-out dont on a beaucoup entendu parlé il y a quelques mois fait aussi partie de cette série.
En tout cas, ça m'a guérie de mes envies de voyages spatio-temporels^^

samedi 20 avril 2013

Les Lames du cardinal de Pierre Pével (Tome 1)


Avant-propos : C’est en lisant l’avis de Miss Léo sur ce livre que je ne connaissais absolument pas que j’ai eu envie de le découvrir. Ce qui est rigolo, c’est que je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée puisqu’Adalana, Eliza et moi avons toutes lu ce livre juste après le billet de Miss Léo sans même avoir organisé de lecture commune ! Je n’étais pas sûre de faire un billet (parce que Miss Léo a déjà tout dit), mais comme Eliza allait faire le sien, j’ai décidé de l’accompagner pour une fausse LC.

Mon résumé : Royaume de France, an de grâce 1633. Le royaume est constamment en danger. Les complots sont multiples et les ennemis nombreux (certains œuvrent même à l'intérieur du royaume). Richelieu fait alors appel à un ancien groupe plus ou moins secret, Les Lames du cardinal, mené par le capitaine La Fargue qui n'a qu'un seul devoir : défendre la patrie notamment face aux dangereux espagnols et leurs dragons...

Mon avis : Bienvenue dans un monde où la réalité semble être un peu altérée (sorte d'1Q633) ! Si tu nous sembles parfaitement normal au niveau du contexte historique (le siège de la Rochelle a bien eu lieu) et géographique  (le plan de Paris situé au début du livre vient en attester), il existe toutefois une différence : les dragons sont parmi nous ! Qu'ils soient domestiqués (et tout mignon) -les dragonnets-, semi-humain ou bien encore une force cachée aux services de puissances occultes, impossible de les manquer. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, ils s’intègrent parfaitement dans l'histoire (et même dans l'Histoire), notamment parce que Pierre Pével réutilise en détournant certains éléments familiers : il y a des dragons-voyageurs qui portent des messages comme les pigeons, la loge draconique mise en place pour tenter de comploter contre la France ressemble à certaines légendes noires des loges maçonniques (sans parler de la quasi-homonymie)...Même si on est dans une autre réalité, on n'est pas du tout perdu. La mythologie mise en place par Pierre Pével est attirante sans être étouffante et les aspects de science-fiction sont hautement supportables (surtout pour quelqu'un qui aime aussi peu ce genre que moi). 
C'est avant tout un livre d'aventures. Nous suivons avec plaisir les fines lames réunies par Richelieu, chacun ayant une caractéristique bien particulière : le sérieux La Fargue, le charmeur Marciac, le loyal Leprat, la frondeuse Agnès... Prompts à la bataille, intrépides, mais aussi très secrets, Les lames du cardinal se lancent tête baissée dans leur mission, tout en sachant qu'on ne leur dit pas tout et qu'ils doivent parfois essayer de voir au-delà des non-dits du cardinal. Leurs aventures sont extrêmement rythmées et bien mises en scène dans des chapitres courts qui se terminent très souvent sur des révélations qui poussent à lire le chapitre suivant (avec une nouvelle révélation...). Le livre se dévore donc en quelques jours (2 pour ma part). [Et il ferait une excellente série TV si les français savaient les faire]. 
Il y a quand même quelques petits défauts : au départ, chaque personnage est présenté à tour de rôle, faisant souvent allusion à des événements que l'on ne connaît pas encore ce qui nous perd quelque peu et à la fin, l'auteur nous laisse entrevoir beaucoup trop tôt une révélation, alors qu'elle aurait pu faire un joli retournement surprise. 
Mais les dernières lignes sont presque insoutenables de suspense car l'auteur finit sur quelque chose que je n'avais absolument pas vu venir et qui me donne envie de me jeter sur la suite (qui n'est malheureusement pas encore disponible en poche, mais j'attends pour l'instant -pas dit que je tienne jusqu'à la sortie du 2, vu que pour l'instant il n'est pas annoncé- car l'édition Folio est absolument magnifique avec une surcouverture en surimpression).

En quelques mots : une très bonne découverte due à Miss Léo (une de plus), un récit échevelé et des aventures originales mêlant un brin de science-fiction à une bonne dose d'histoire ce qui forme au final un cocktail détonant. Vivement la suite ! 

Le billet ultra-complet de Miss Léo
Le billet de celles qui ont succombé comme moi à l'enthousiasme de Miss Léo : Adalana et Eliza

vendredi 19 avril 2013

L'homme au ventre de plomb de Jean-François Parot (Nicolas Le Floch, Tome 2)


Lecture commune organisée par Syl


Mon résumé : Paris, 1761. Lors d'une soirée à l'opéra, la famille de Ruissec apprend qu'un drame s'est produit. Le vicomte de Ruissec, le fils aîné de la famille "s'est homicidé". La famille étant proche de Madame Adélaïde, la fille du roi, Sartine et Nicolas Le Floch sont dépêchés sur place. Immédiatement, Le Floch pense que le vicomte a été assassiné. Mais, on empêche Nicolas de poursuivre son enquête. A son tour, la comtesse de Ruissec est assassinée. Nicolas poursuit donc son enquête de manière officieuse...

Mon avis : Suite des aventures de Nicolas Le Floch, j'ai été un peu moins séduite que pour la première. Déjà, les digressions historiques m'ont manquée (je sais que beaucoup le lui avait reproché, mais j'avais adoré cet aspect). Il n'y a que quelques notes sur la période à la fin.
Ensuite, j'ai trouvé l'enquête moins fluide. L'auteur nous lance sur un certain nombre de pistes dont certaines vont se retrouver fausses (et pour le coup, j'ai trouvé ces aspects un peu inutiles). La résolution était toutefois intéressante, même si on final, le ventre de plomb n'avait que peu d'intérêt.
Mais, j'ai tout de même beaucoup aimé ce tome car on retrouve des personnages que l'on apprécie déjà énormément, alors que cela ne fait que deux aventures qu'on les suit. Nicolas est de plus en plus confronté à la frontière parfois ténue entre respect de la justice et le monde des criminels. Tous ses acolytes : Bourdeau, Semacgus et surtout Monsieur de Noblecourt sont des personnages hauts en couleur et attachants (qu'est-ce qu'on aimerait participer à un de leurs dîners !). On entre un peu plus à Versailles et on découvre ses intrigues mais surtout le détail de l'étiquette (la scène de la chasse est édifiante à ce sujet).

En quelques mots : Même si l’intrigue policière m'a un peu déçue, j'apprécie toujours autant le contexte historique et je compte bien poursuivre la série !

Les avis sont divisés pour ce tome : Adalana  l'a davantage apprécié que le tome 1, Lilousoleil et Eliza l'aiment toujours autant, mais Bianca et Claire sont plus mitigées.

jeudi 18 avril 2013

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee


Lecture commune avec Deuzenn et Miss Léo 

Avant-propos : Après ma lecture de The Help, on m’a conseillée de lire Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. J’avais envie de le découvrir depuis longtemps, j’ai donc lancé cette LC (pour laquelle, je suis en retard, car je suis en vacances- qui ne ce sont confirmées que vendredi, je m’excuse donc auprès de mes partenaires de LC pour mon retard – et mon billet sera plus court). Il est toujours un peu difficile d’évoquer un livre que tout le monde semble avoir aimé et qui vous a laissé un peu de côté.

Mon résumé : Comté de Maycomb, Alabama, années 30. La jeune Scout, 6 ans, suit son frère et son meilleur ami dans la découverte de leur voisinage. Elle est intriguée car leur voisin Boo Radley ne sort pas de chez lui…

Mon avis : Ce ne fut pas une lecture désagréable, mais je ne m’attendais pas à cela. Le procès dont tout le monde parle ne prend qu’une centaine pages du livre. Le sujet en est évidemment essentiel car Harper Lee livre une critique de la ségrégation aux Etats-Unis et à l’époque de sa sortie - dans les années 60-, il fallait effectivement avoir le courage d’écrire sur un tel sujet et de dénoncer les discriminations dont étaient victime la population noire. Mais ce n’est qu’un aspect pour moi secondaire du livre.
C’est davantage un roman d’initiation sur une petite fille, Scout, qui grandit et qui découvre la réalité de la vie d’adulte. Les 200 premières pages sont consacrées à sa vie et aux bêtises qu’elle peut faire. Ce n’est pas déplaisant, c’est même parfois drôle, mais ce n’est pas mon genre de livre. Cela ne m’intéresse pas de la voir décrire sa province ni son voisinage. Je n’ai pas trouvé particulièrement intéressant tous les aspects qui tournent autour de Boo Radley. Les enfants tentent de persécuter ce personnage et l’on pense qu’il y a un mystère mais en fait pas du tout.
De plus, la description de la société est vraiment très noire. Personne ne semble avoir aucun moyen de sortir de sa condition ni d’évoluer dans ses croyances. Chacun reste à peu près ce qu’il est au départ (pour les adultes). Il n’y a guère que Tante Alexandra qui évolue (ou qui n’était pas ce qu’elle semblait être).
Atticus Finch ne m’a pas séduite. Son côté défenseur des opprimés est certes honorable, mais son côté moralisateur chrétien m’a un peu agacée. Selon lui, il faut pardonner à tout le monde tout ce qu’ils ont fait (je ne suis pas pour l’idée de vengeance non plus), mais on a parfois le droit d’être en colère et de se révolter contre quelque chose, ce qu’il dénie à son fils. Tout semble glisser sur Atticus. Et je n’ai pas aimé son attitude à la vis-à-vis de Jem (alors que le responsable est Boo, non ??? Ou alors je n’ai rien compris au livre). Je n’ai pas aimé non plus l’attitude du shérif qui m’avait déjà semblé peu compétent au moment du procès.

En quelques mots : Je m’attendais à un livre sur la ségrégation dans les années 60, mais c’est plutôt un livre sur la vie dans une petite ville de l’Alabama dans les années 30 et cela ne m’a pas particulièrement passionnée.




dimanche 14 avril 2013

Cesare de Fuyumi Soryo et Motohaki Hara

Avant-propos :  Comme beaucoup de personnes, je suis assez attirée par la famille Borgia. Mais dans les fictions qui les concernent, ce sont bien souvent les aspects les plus sulfureux qui sont mis en avant et de grandes libertés sont prises avec la réalité historique. J'avais commencé à regarder l'an dernier les deux séries TV éponymes. J'avais été agréablement surprise par le pilote de Canal + (presque au point de croire que les français avaient enfin produit une bonne série), mais j'ai vite déchanté dès le 2e épisode et son bain d’excréments.La réflexion la plus profonde que j'aie eue au sujet de la série a été "Stanley Weber est beau". Quand a celle de Showtime, elle m'avait à peine fait meilleure impression (mais il faudrait que j'y rejette un oeil). Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir un manga aussi précis au niveau historique !

Mon résumé : Pise, 1491. Angelo da Canossa entre à l'université de Florence (délocalisée à Pise pendant quelques années). Il découvre rapidement qu'il existe des rivalités très fortes entre les étudiants et en particulier entre Giovanni de Medicis et Cesare Borgia. Les étudiants sont rattachés à un cercle selon leurs origines. En tant que florentin, Angelo doit faire partie de celui de Giovanni. Mais voilà qu'il fraternise avec Cesare, du cercle des espagnols...

Pise, Tome 1
Mon avis : J'ai été d'abord attirée par les dessins qui sont absolument magnifiques et les reconstitutions des monuments qui sont à tomber par terre (mes photos sont un peu floues, ce n'est pas la faute des dessins). C'est simple j'ai poussé est un "ahhhhhhhhhhh" quand j'ai vu la reconstitution du Vatican pré-Michel-Ange et pré-Bernin.
Rome, Tome 2

Pise, Tome 1

Mais si il n'y avait que cela ! Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est la précision historique de l'ensemble. Chaque tome se termine avec une bibliographie sérieuse (qui est modifiée et complétée à chaque volume) et l'auteure a travaillé en étroite collaboration avec l'historien japonais Motohaki Hara (dont je n'ai jamais entendu parler mais qui connait visiblement très bien son métier). Fuyumi Soryo a donc problématisé son travail en se posant cette question : "Comment un homme réputé priser l'amusement et préférer la chasse à l'étude, capable de violer sa soeur et d'assassiner son frère, pouvait-il en même temps être respecté de ses hommes et aimé du peuple ?". On voit bien qu'elle cherche à saisir toute l’ambiguïté du personnage et pas seulement les aspects sulfureux. [D'ailleurs, il n'y a aucun aspect sulfureux dans les deux premiers tomes et contrairement à ce que laisse penser la couverture du tome 1, Lucrèce n'est même pas encore apparue dans le tome 2]. 

Le tome 1 est un tome d'exposition où l'auteur nous présente les différents protagonistes et où, il faut l'avouer, il n'y a pas beaucoup d'action. Mais l'intérêt est ailleurs. L'auteur nous décrit la vie dans une université à l'époque de la Renaissance. Nous assistons à certains cours et surtout aux joutes verbales entre esprits brillants (une opposition au sujet des 2 corps du souverain par exemple). Mais l'auteure nous présente aussi les rivalités, voire les complots ourdis au sein même de l'université. Les oppositions sont nombreuses et les alliances fragiles. Le personnage (fictif) d'Angelo da Canossa nous permet d'entrer dans cet univers  Celui-ci n'est pas issu d'une grande famille, mais il est entré à l'université grâce à l'appui des Médicis (sans que l'on sache vraiment pourquoi). Il ne connaît pas les codes, s'adresse aux autres comme s'il était leur égal (grossière erreur) et commet bourdes sur bourdes. C'est toutefois, un étudiant brillant et il est le seul à oser s'opposer dans les cours à Giovanni ou Cesare. Le personnage est assez attachant car il est extrêmement sincère. Il va se retrouver lié à Cesare Borgia qui va lui montrer la ville de Pise et lui faire découvrir ses aspects les plus sombres. Dans cette première partie, le personnage de Cesare apparaît comme très sympathique, ce qui m'a interpellée. Dès qu'il peut, il prend la défense d'Angelo et lui promet de lui apprendre à monter à cheval. Il est agréable, brillant bien que dilettante et extrêmement séduisant. Il est toujours suivi par son bras droit, Micheletto da Corella qui joue pratiquement le rôle de garde du corps et qui règle les problèmes de Cesare dans l'ombre. On croise aussi la sombre figure de Savonarole

Dans le tome 2, nous continuons de suivre la vie à l'université de Pise, mais certaines scènes se déroulent au Vatican. Le pape est mal en point et les rivalités s'exacerbent autour de la future succession. Rodrigo Borgia est l'un des candidats. Il s'oppose à Giuliano della Rovere et leurs échanges sont épiques. On assiste à des confrontations de haute volée au milieu de la Chapelle Sixtine (dessins magnifiques une fois de plus). Dans ce tome 2, on voit apparaître la face sombre de Cesare. Celui-ci par certains de ces discours ou de ces réflexions en classe (édifiante opposition autour de la Tour de la faim de Dante) révèle qu'il peut se montrer cruel. De plus, on le voit œuvrer dans l'ombre de son père et il demande des rendez-vous avec certaines personnalités, parfois des ennemis, dont on ne comprend tout d'abord pas le sens. Il croise aussi certains hommes célèbres : Christophe Colomb qui évoque le voyage qu'il est en train de mettre en place au nom des souverains espagnols et Leonard de Vinci dans une confrontation particulière savoureuse avec Cesare  [et une fois encore, je ne peux qu'admirer le travail de documentation de l'auteure : quand elle décrit les carnets de Leonard, j'ai eu l'impression de me retrouver devant le Codex de Leceister ou Codex de Bill Gates que j'ai eu la chance de voir à Dublin]. Cesare a aussi l'occasion d'admirer le Printemps de Botticelli chez Lorenzo de Médicis est une fois encore j'ai été saisie par la beauté du dessin. On en apprend plus sur le passé de Micheletto que l'auteure présente comme juif (ce qui n'est pas attesté historiquement parlant) mais ce qui permet d'évoquer le sujet de la condition des juifs à l'époque de la Renaissance. Angelo, quant à lui, continue son petit bonhomme de chemin, mais passe un peu au second plan au cours de ce tome. Il se rend compte que Cesare est un personnage bien plus complexe qu'il ne pensait...

En quelques mots : C'est un énorme coup de coeur. Le tome 3 sort le 7 mai et le 4 en juillet. Je suis presque sur le point de les pré-commander pour les avoir dès leur sortie (alors que je n'ai jamais fait ça de ma vie). Si vous avez envie d'en apprendre plus sur les Borgia grâce à un divertissement de qualité, précipitez vous chez le libraire !

samedi 13 avril 2013

Résultats du concours et propositions de LC

Je remercie les participantes au concours du blog qui sont toutes des personnes fidèles et que j'ai plaisir à lire sur leurs blogs respectifs. Je savais que je serai heureuse qu'elle que soit celle que le sort désignerait (même si je suis déçue pour les autres).


Roulement de tambour...

Tirage au sort effectué sous l'autorité de Mr Collins comme vous pouvez le constater...

Je suis ravie de lui permettre de découvrir Le dévouement du suspect X de Keigo Higashino qui a été un coup de coeur pour beaucoup de ceux qui l'ont découvert lors du challenge d'Adalana. 

Un immense MERCI à toutes les participantes et à toutes celles qui ont laissé un mot si gentil sur mon billet d'anniversaire. Quand on m'écrit qu'on aime mon univers, ca fait chaud au coeur ! 



Je profite de ce billet pour vous proposer de nouvelles (et rappeler quelques anciennes) LC  (ça faisait longtemps !). Je n'ai mis le nom que des organisatrices pas de toutes les participantes. 

Vous pouvez encore nous rejoindre pour De Grandes Espérances chez Adalana pour le 26 avril [après avoir désespéré de trouver en français une version qui me plaise, j'ai décidé de le lire en VO et pour l'instant tout va bien (j'en suis au premier chapitre en même temps)]. 

Toujours dans ma période "j'ai envie de relire tout Jane Austen", Deuzenn et moi vous proposons de lire avec nous Raison & Sentiments pour le 10 mai. Je meurs d'envie de revoir l'adaptation d'Ang Lee et découvrir l'adaptation de la BBC. 

Si vous aussi vous voulez fêter la sortie du film (et on l'attend de pied ferme), vous pouvez lire avec nous Gatsby le Magnifique toujours chez Adalana pour le 15 mai. 

Quand on a lu Northanger Abbey, on a forcément envie de découvrir les ouvrages cités. Claudialucia La lyre et moi vous proposons de nous rejoindre pour frémir devant Les Mystères d'Udolphe pour le 27 mai. 
[Je ne serai pas contre découvrir Le Moine aussi vers juin/ juillet si ça tente quelqu'un]. 

Pour le 3 juin, c'est le tome 1 de Guerre et Paix que nous allons découvrir avec Adalana

Le 8 juin, je replonge dans l'univers de Vita Sackville-West avec Dark Island pour le mois anglais chez Titine 

Le 20 juin, Miss Léo et moi retrouvons Shakespeare en version bilingue avec Othello

De bonnes heures de lecture en perspective ! 

mercredi 10 avril 2013

Hamlet de William Shakespeare

Avant-propos sur Shakespeare et moi  : Comme je l'ai dit précédemment  dans le billet Seven Shakespeares, ce manga m'a donné envie de redécouvrir Shakespeare. Au final, je me suis rendue compte que je n'avais pas lu beaucoup de pièces du barde. Par contre, j'ai vu beaucoup d'adaptations. Mais, dernièrement, j'ai eu quelques déconvenues. J'ai lu Macbeth en ebook gratuit et je dois avouer que je n'ai rien capté pas tout saisi vu qu'il n'y avait quasiment aucune note explicative. Et j'ai tenté de lire Les Joyeuses Commères de Windsor d'abord en anglais (quasiment incompréhensible pour moi, alors que j'ai lu Romeo et Juliette en VO, mais bon, je connaissais l'histoire) puis en français, mais je me rendais bien compte que je passais à côté de tout un tas de jeu de mots par rapport au peu que j'avais compris en VO, ce qui m'a donc énervé. J'aimerai avoir accès à plus de versions bilingues mais c'est parfois dur à trouver pour certaines pièces (en particulier les historiques que je meurs d'envie de lire). D'après ce que j'ai vu, il n'y a que les éditions Bouquins qui proposent l'intégrale des pièces en versions bilingues (mais je ne suis pas fan de leur papier cigarette). Reste La Pléiade (mais je ne suis pas près de me payer l'intégrale).  Si vous avez des conseils, je suis preneuse ! Bref, c'est très compliqué pour moi de lire Shakespeare alors que j'en meurs d'envie !

Avant-propos sur Hamlet et moi : Je n'avais encore jamais lu Hamlet (ni vu d'adaptation) et je ne voulais donc pas me tromper dans le choix de l'édition comme pour Macbeth. J'ai donc décidé de me tourner vers un éditeur que je connaissais bien et qui m'avais toujours procuré beaucoup de plaisir pendant ma scolarité : j'ai nommé Larousse petits classiques. J'ai abandonné l'idée de la VO (pour le moment) au profit de la compréhension du texte et des explications que j'étais sûre de trouver dans cette édition. [Et pour ceux qui comme moi, on vibré sur des Larousse petits classiques il y a une quinzaine d'années, ils les trouveront bien changés et avec des coins ronds (ce qu'on ne voit pas sur l'image), mode qui me laisse totalement perplexe : est-ce pour éviter de s'éborgner en se prenant un livre dans l'oeil ???]. En tout cas, je ne regrette pas mon choix d'éditeur, j'ai aimé retrouver leurs notes, lire leurs interrogations parfois tirées par les cheveux [et auxquelles, je ne savais parfois pas répondre] à la fin de certaines scènes et donc utiliser un peu mon cerveau pour réfléchir sur la pièce. C'est exactement ce que je cherchais. Ils ont aussi édité Macbeth et cette version est maintenant dans mon panier ultra-prioritaire.

Mon avis : Je vous passe le résumé que tout le monde connaît, je pense [même si pour ma part, je ne savais pas comment cela finissait]. Je dois dire que j'ai été surprise par le personnage d'Hamlet que je ne m'imaginais pas du tout comme cela d'après ce que je savais de lui. J'ai été frappée par la mélancolie et la tendance suicidaire du personnage. J'ai adoré ses monologues où il expose sa philosophie, son dégoût du monde, ses envies de vengeance et en même temps son inaction. Le personnage est extrêmement complexe et les moments où il simule/est censé simuler la folie sont saisissants. C'est aussi un amoureux éconduit mais passionné dont le comportement dans le cimetière m'a saisie. J'ai aussi aimé l'ironie du personnage quand il se moque ouvertement des hommes qui sont à la solde du roi (Polonius, Rosencrantz ou Guildenstern) et que  ces derniers font semblants d'être d'accord avec lui.
Par contre, s'il y a quelqu'un qui m'a déçue, c'est Ophélia. Multi-représentée dans la peinture et la poésie (notamment par mes chers pré-raphaélites), je m'étais fait une toute autre idée de la demoiselle que j'imaginais en amoureuse tragique un peu à la Juliette. Sauf que ce n'est pas du tout le cas. Elle n'est pas vraiment amoureuse d'Hamlet, puisque elle cède à son père quand celui-ci lui interdit de le voir (mais elle est quand même attirée par lui). Elle ne m'est devenue sympathique qu'au moment où elle perd l'esprit. Encore une héroïne pour laquelle je me suis demandée ce que le héros pouvait bien lui trouver !
Au niveau de l'intrigue, je m'attendais à davantage d'action vu que le thème de la vengeance prédomine, mais au final, j'ai aimé le côté assez contemplatif et réflexif de l'oeuvre. J'ai aimé cette mise en abyme avec la pièce de théâtre présentée dans la pièce et toute la réflexion sur les acteurs et la production théâtrale. Le final m'a soufflée.

En quelques mots : Je ne vais pas disserter des heures sur l'une des pièces les plus connues de l'histoire : je suis moi aussi tombée sous le charme et j'ai hâte de la lire en VO. Mais je vais tout d'abord commencer par voir son adaptation par Kenneth Branagh (sachant que ses adaptation de Beaucoup de bruit pour rien et de Peines d'amour perdues font partie de mes films cultes)

Deuxième participation au challenge Shakespeare chez Claudialucia et Maggie



lundi 8 avril 2013

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig


Lecture commune 
avec Miss Leo et Eliza 

Mon résumé : Sur la Côte d'Azur, un scandale secoue un hôtel : une mère de famille, Mme Henriette  est partie avec un homme qu'elle a rencontré pendant ses vacances. Les pensionnaires de l'hôtel commentent tous cet événement. Beaucoup jugent que son attitude est totalement condamnable, tandis qu'un homme s'élève pour prendre la défense de Mme Henriette. En retrait de la conversation, une dame anglaise bien comme il faut de 67 ans, écoute attentivement toutes les opinions. Elle demande au jeune homme [c'est quand même peu pratique, ces livres où les personnages ne portent pas de noms] qui a pris la défense de Mme Henriette de venir la rejoindre pour qu'elle puisse lui conter son histoire...

Mon avis : Il va m'être très difficile de parler de livre très court ou de cette longue nouvelle. Difficile parce que je veux révéler le moins d'éléments possibles de l'intrigue à ceux qui ne la connaîtraient pas mais le problème est qu'évidemment, j'ai surtout envie de vous parler de ces aspects (mais je vais me retenir).
Tout d'abord, je peux dire que je suis tombée sous le charme du style de l'auteur. L'écriture de Zweig est ciselée. La partie où il présente les caractéristiques des personnages par leurs mains est tout bonnement magnifique. Le premier chapitre, aussi, m'a tout de suite complètement séduite : je me retrouvais dans ces personnages qui commentent ce fait divers local tout en y projetant leurs angoisses et leurs envies. Je pensais tout d'abord que c'était l'histoire d'Henriette qui allait nous être racontée. Mais, non, Zweig joue avec nous et part dans une autre direction, vers une autre femme qui se remémore son passé, ses 24 heures qui ont changé sa vie.
C'est livre centré sur la passion : passion amoureuse ou passion du jeu, elle est toujours dévastatrice et emporte tout sur son passage. Les individus se retrouvant sous son emprise se découvrent alors capables des pires bassesses comme des plus douces folies. Car là passion joue le rôle d'un révélateur de l'âme. Cette femme va se découvrir comment quelqu'un qui est capable d'oser : elle va prendre des initiatives qu'elle juge (et que la société juge) insensées et elle ne va plus se reconnaître. Même si elle ne va au final pas être trop différente pour ses proches (à part pour sa cousine), elle aura profondément changé de l'intérieur.
C'est aussi un livre sur les douleurs liées aux souvenirs. L'héroïne est particulièrement émouvante quand elle partage son passé car, même si on sent qu'elle a ressassé ses événements mille fois de sa tête, elle ose avouer et s'avouer de nouvelles choses quand elle raconte son histoire au narrateur. Mais, j'ai l'impression qu'elle n'a pas de regrets.
Le thème du suicide et de la difficulté de vivre est aussi abordé de manière extrêmement brillante. les passages où les personnages se retrouvent à bout de forces sur le banc sont magnifiques. J'ai été un peu surprise à la fin car les derniers passages sont plutôt optimistes alors que Zweig s'est lui-même suicidé (comme quoi on n'est pas ce qu'on écrit).
Je regrette juste que l'intrigue n'est pas eu l’originalité de la narration. Dès le départ, on sent ce qu'il va arriver, on voit qu'une personne se fourvoie complètement et on se doute que tout va se finir au casino (mais la scène est d'une grande force et d'une grande violence émotionnelle ce qui efface ce manque de surprise).

J'ai lu ce livre au format ebook et j'ai plusieurs reproches à faire sur cette édition faite par le Livre de poche (que j'ai eu en promo, mais qui coûte aujourd'hui 4,49€) : il n' y a pas de chapitrages, on ne peut pas avoir accès aux notes en cliquant dessus (option disponible sur n'importe quel ebook gratuit) et la préface est à la fin (ce qui techniquement ne me dérange pas, parce qu'il y a toujours un amoureux bienveillant de l'oeuvre qui nous raconte l'intrigue et je la lis toujours à la fin) mais çà me choque au niveau de l'utilisation du terme. Bref, un ebook bâclé (et dire que j'en ai acheté 4 ou 5 au cours de cette promo) !

En quelques mots : Au cas où vous ne l'auriez pas compris, j'ai trouvé cette oeuvre magnifique. Je regrette juste que l'intrigue ait été aussi évidente (mais pouvait-il en être autrement ?) et cela n'empêche rien à la beauté de certains passages. La découverte d'un auteur majeur (et je me demande bien pourquoi je ne l'ai pas lu avant). Je sens que je vais rapidement le retrouver...

Allez voir et féliciter Eliza et Miss Léo qui elles, l'ont lu en allemand !!!!




samedi 6 avril 2013

7 Shakespeares d'Harold Sakuishi

Avant-propos : Je ne connais absolument rien à l'univers du manga et donc je ne connais pas les termes adéquats. Mais, j'ai envie de vous parler d'une série (oui je sais, on n'appelle pas ça comme ça, un jour je ferai l'effort d'apprendre les termes) que j'aime beaucoup [et puis, il y en aura très très vite une autre, dès que j'aurai reçu mon tome 2 de Cesare -et je peux vous dire que je trépigne d'impatience !]. 
C'est grâce à Jeneen que j'ai découvert ce manga et d'ailleurs, elle m'avait prêté les deux premiers tomes (et je l'en remercie). Je me suis empressée d'acheter le 3e (en octobre) et évidemment, comme tout livre dont on dit qu'on meurt d'envie de lire la suite,  je ne l'ai lu qu'hier soir [à ma décharge, c'est aussi parce que je savais que le tome 4 n'était pas sorti, maintenant il l'est et le 5 doit sortir en mai]. 

Prologue Londres, 1600
Dans le quartier libre, alors que les forces de l'ordre s'apprêtent à interrompre la représentation de Hamlet, et à mettre aux fers les comédiens, un homme s'interpose : il prétend être William Shakespeare, l'auteur de la pièce qui est jouée. Non loin de là, dans une taverne, un homme négocie la vente du manuscrit dérobé de Hamlet, mais ses interlocuteurs l'accusent d'imposture. Laissé seul avec son manuscrit dans les mains, l'homme crie alors qu'il a connu Shakespeare dans le passé et que le dramaturge lui-même, n'est autre qu'un imposteur…

Vous pouvez découvrir ce prologue sur le site de l'éditeur, ici. 
Mais attention, nous allons très vite changer d'univers ! 

Le tome 1 délaisse rapidement Londres et nous entraîne 13 ans auparavant à Liverpool dans la communauté chinoise de la cité. Nous faisons connaissances avec Li, jeune fille qui semble douée de fortes intuitions voire même de prémonitions qui effraient beaucoup de membres de son entourage. Elle nous apparaît comme un personnage attachant et son  destin tragique et émouvant vient renforcer ce sentiment. 
Ce tome se termine que l'on n'ait vraiment découvert davantage d'éléments sur Shakespeare. 

Le tome 2 nous permet de retrouver Li et de découvrir sa rencontre avec un jeune homme, nommé Lance Carter, qui n'est autre que celui qui se présentait comme William Shakespeare dans le tome 1. Lance est un jeune membre de la guilde des marchands de sel, qui écrit des pièces de théâtres en tant qu'amateur et qui visiblement n'a pas beaucoup de succès en tant qu'auteur. Lance travaille avec son meilleur ami Wallace, qui ne partage pas son amour du théâtre. Les 2 jeunes hommes recueillent Li qui au départ ne parle pas un mot d'anglais, mais qui va développer ses connaissances de manière extrêmement rapide. Bientôt, elle se met à écrire des poèmes. 

Le tome 3 nous présente toujours les mêmes personnages, mais développe davantage le thème du théâtre, puisque Lance va participer à un concours pour déterminer qui a écrit la meilleure pièce de théâtre et en même temps ravir la main de la plus jolie fille de Liverpool. Mais l'inspiration manque à Lance...

Mon avis sur les 3 tomes : 
Je suis au bord du coup de coeur pour cette série, mais j'attends quand même de connaître sa résolution pour pouvoir vraiment me prononcer (il n'y a visiblement que 6 tomes ce qui me semble un peu court pour résoudre toutes les pistes ouvertes). 
J'avoue que le mystère shakespearien m'intrigue (ces fameuses "années perdues" par exemple) , mais je ne suis pas une adepte des théories selon lesquelles il ne serait pas l'auteur de ses pièces (pour la bonne et simple raison que les autres supposés auteurs ont tous dans leurs biographies quelque événement qui permet de réfuter les hypothèses avancées). 
Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier quelques divertissements sur le mode du "et si c'était vrai?" comme Shakespeare in Love (parce que je vénère Joseph Fiennes) et plus récemment Anonymous (qui m'a très agréablement surprise, alors qu'au départ, il me faisait très peur) [le film, pas les pirates informatiques]
Au final, ce que j'ai apprécié dans 7 Shakespeares, c'est d'être surprise. Je m'attendais à une énième variation sur le thème en réalité Shakespeare était Bacon / De Vere / Marlowe ou une autre figure historique. Mais en se plaçant sous les auspices d'une hypothèse (que vous avez sans doute devinée grâce aux résumés) totalement improbable et plaçant quelques petits aspects fantastiques, Sakuishi nous permet de nous divertir sans qu'au final on n'ait besoin d'adhérer à quoi que ce soit. On sait que cela ne s'est pas passé de cette manière. Et donc on peut totalement se laisser distraire. 
Mais cela peut aussi rebuter, certains ont l'impression d'avoir été un peu trompés car il est vrai que dans les 2 premiers tomes l'histoire est clairement celle de Li et non pas celle de Lance / Shakespeare. Pour ma part, j'ai trouvé cette héroïne éminemment sympathique et  attachante. La plongée dans la communauté chinoise ne m'a pas dérangée (même si elle est anachronique). L'auteur mélange d'ailleurs beaucoup les temporalités avec un certain nombre de retour en arrière (le tome 4 présentant visiblement l'enfance de Will d'après ce que semble annoncer à la fin du tome 3) ce qui permet de conserver une part de mystères aux personnages. 
Mais qui dit manga dit dessin et c'est sans aucun doute ce que je préfère ici : les décors et les costumes sont représentés avec une précision magnifique. Dans le prologue, on se croirait au Globe (je vous remets le lien, pour que vous alliez voir de vous-même, mes photos ne sont pas assez réussies). Les personnages sont soignés (et Shakespeare est trop beeeeeeau -quand on pense au laideron qu'il était en réalité - je suis en mode héroïne de manga avec les yeux qui me sortent de la tête quand je le regarde- oui je sais que ce n'est qu'un dessin). Le trait est classique (visiblement trop classique pour certains adeptes), mais pour ma part, j'aime quand le dessin représente fidèlement ce qu'il est supposé reconstituer -surtout pour un manga historique. Les personnages sont sympathiques et attachants. On a envie de connaître la suite de leurs aventures, surtout qu'on ne sait pas toujours exactement à quoi fait référence le titre. [Et j'enrage de ne pas avoir commandé le tome 4!]. 

En quelques mots : Il ne faut pas s'attendre à des révélations, mais à une jolie fantasmagorie sur le thème "Qui était Shakespeare?" avec des personnages attachants et une reconstitution architecturale magnifique. 
Et cela donne évidemment une furieuse envie de lire Shakespeare ! 


Première participation au challenge Shakespeare de ClaudiaLucia et Maggie